L'histoire :
Le 11 juin 1955, François Rossi, ancien mécano de chez Bugatti, a emmené son fils Vincent sur le circuit des 24 heures du Mans pour assister à la célèbre course. Cependant, alors que Vincent est allé acheter une limonade, une Mercedes sort de la piste et explose dans la tribune ou se trouve son père, le tuant sur le coup. 7 ans plus tard, Vincent est à son tour mécano dans le garage de son père, mais qui appartient désormais à un dénommé Berthier, qui l’a acheté une bouchée de pain à sa mère. Vincent est plutôt habile de ses mains et profite de son temps libre pour retaper une vieille Bugatti, au grand dam de sa fiancée Marion, qui apprécierait qu’il lui consacre plus d’attentions. Vincent sort aussi beaucoup avec ses copains, des blousons noirs qui ne sont pas parmi les meilleures fréquentations… Au même moment, le comte Deperray, un riche industriel de l’aéronautique, supervise dans son usine la conception d’une nouvelle voiture de course. Ambitieux et compétent, il compte créer sa propre écurie automobile et engager son prototype sur le circuit de Spa Francorchamps, l’année suivante. Ses premiers essais à bord du bolide sont prometteurs, mais le véhicule nécessite encore beaucoup de travail avant de pouvoir gagner une course. Deperray possède également une collection de vieilles voitures, qu’Antonin, un vieux mécano de plus en plus défaillant, entretient au quotidien. Un jour, de fait, Deperray se retrouve en panne en rase campagne, au volant d’une de ses antiquités. La providence met alors sur son chemin Vincent, en moto, qui vient justement de claquer la porte de chez Berthier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Roger Seiter et Johannes Roussel abandonnent (un temps ?) les abordages et les embruns des caraïbes (HMS – His Majesty’s Ship), pour s’intéresser cette fois à la course automobile. Trajectoires s’inscrit en effet au sein de la collection Plein gaz de Glénat et dévoile un premier opus fort engageant. Afin de rattacher le héros au contexte héroïque de ce sport, l’album débute par le flashback sur un accident authentique, sur le circuit des 24 heures du Mans, le 11 juin 1955 : 84 morts et plus de 100 blessés, la pire tragédie du sport automobile. On suit dès lors deux trames narratives qui finissent par s’entrecroiser totalement. D’un côté, le riche industriel Deperray monte son écurie auto ; de l’autre se met en place le parcours initiatique d’un jeune héros mécano qui a été élevé dans la culture du sport automobile et deviendra logiquement pilote… pour Deperray. Pour l’originalité on repassera donc… mais il serait dommage de s’arrêter à cet argument, car les règles de l’art sont maîtrisées et savoureuses à suivre. Notamment, les fans de Michel Vaillant seront aux anges. Ils apprécieront l’époque, les belles cylindrées, le parfum de challenge mâtiné de risque, le classicisme de la narration et le joli réalisme du dessin. Roussel s’applique en effet à livrer un crayonné précis et détaillé, impeccablement proportionné et mis en scène, rehaussé d’une colorisation douce. De quoi séduire largement au-delà du cercle des fanas de bagnoles…