L'histoire :
Dans le ciel de Lutétia, au milieu des aiguilles d’acier, déambule un petit dirigeable. Perforant le nuage permanent de fumée au dessus de la ville, le professeur Marmelade observe la masse industrieuse et gloutonne... Quand un vaisseau des autorités le prend en chasse et fait feu. Touché, le ballon explose et Marmelade tombe dans l’océan en contrebas. L’infortuné parvient à nager dans ces eaux troubles, polluées des rejets de la civilisation. Lorsqu’il refait surface, Marmelade est chez lui quelque part planqué dans les égouts. Se pensant seul, il prend un verre, histoire de se remettre. Mais une jeune femme apparaît surnaturellement. Si le professeur ne ressemble à rien avec ses habits d’agent secret et sa tête verte difforme, la dénommée Blanche Noyant fait figure, elle, de passe-muraille. Loin d’être son ennemi, elle souhaite l’aider dans sa quête identitaire. Car il fut un temps où Marmelade s’appelait Louys Cazaviel, citoyen respecté et heureux mari d’une épouse merveilleuse, avant d’être accusé de son propre meurtre ainsi que de celui de sa femme. Un temps où Lutétia s’appelait Paris et où les « petites gens » vivaient heureux et non comme des fantômes. Un temps où, à l’issue d’une expérience malheureuse, Louys Cazaviel devint le « monstrueux » Marmelade…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de ce nouvel album peut se lire de deux manières : l’amour que peut être le personnage de Marmelade ; et l’amour que poursuit le personnage de Marmelade. Après les Aventures du Baron…, Olivier Supiot s’offre ici une récréation méritée, en un temps hérité de l’imaginaire du siècle dernier. Un temps où l’anticipation imaginait la ville de demain, telle une cathédrale d’acier dominant une masse anonyme et industrieuse. Un temps où la science était encore promesse de bonheur. Pourtant, né d’une expérience malheureuse, Marmelade s’est vu injustement accusé du meurtre de son épouse disparue, ainsi que de sa propre mort. Depuis, il se bat pour restaurer son honneur, secondé par son ami (le mal-nommé) Apollon et par le fantôme de Blanche Noyant. Durant l’essentiel de ces quelques 120 pages, le lecteur se demande où l’entraine l’auteur, à quel dessein et vers quelle fin. On se laisse néanmoins agréablement faire tant l’histoire sait y faire : le personnage est attachant et le graphisme plaît. Chaleureuses et épurées, les planches souhaitées par l’auteur ressemblent aux tableaux d’un maître impressionniste. Le rêve, parfois heureux, souvent cruel, s’achève brutalement dans un revirement que l’on osait – ou n’espérait – pas envisager. L’essentiel est toutefois préservé et la morale de ce petit conte en terres Fritz « Langiennes » – du moins apparentées – sauve. En résumé, Un Amour de Marmelade porte bien son titre. Et vous auriez tort de faire l’impasse sur ce one-shot à l’édition soignée que vous (re-)parcourrerez avec plaisir !