L'histoire :
Une conversation débute un soir, en attendant le début d'un film au cinéma, pour He Liu et sa petite amie. Alors qu'ils s'apprêtent à aller boire un thé au lait, c'est un souvenir marquant qui revient à la mémoire du jeune homme. Lorsqu'il était encore adolescent, dans l'ancienne ville minière du nord de la Chine où il a grandi, il a fait la connaissance de Chen, un homme envoyé du Sud du pays pour participer au développement. Il avait ouvert un salon de thé, une des rares attractions du coin. Cette rencontre coïncide avec le départ de sa mère qui ne reviendra plus dans le foyer familial, et sa rencontre avec un jeune garçon bien moins sérieux que lui. He Liu vivra quelques mois hésitants à se chercher face aux bouleversements de sa vie, mais en tirera une formidable expérience. Il racontera également sa rencontre avec un jeune élève comme lui, appelé Bouboule, amateur de soupe au bœuf, d'une gentillesse confondante, qui lui fera regarder les relations avec ceux de son âge d'une manière toute différente. Ce petit moment d'attente avant le début du film sera l'occasion pour He Liu de se révéler et de réaliser l'importance qu'ont eu quelques moments clés qui, sur le moment, semblaient anodins.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Golo Zhao nous propose un nouveau roman graphique en forme de déambulation, dans la mémoire encore fraîche d'un jeune chinois de Pékin. Par petites touches, il nous fait partager les sensations visuelles mais aussi gustatives qui ont probablement marqué son enfance, et qui, pour nous lecteurs occidentaux, sont l'occasion de découvrir de petits morceaux d'une culture méconnue. L'auteur se laisse emporter par le rythme des souvenirs qu'il décrit. On peut ainsi passer du temps autour d'un simple bol de soupe à assister à une conversation très banale. C'est le but de cet album, partir du quotidien pour tenter d'y déceler ce qui construit son personnage, les choix parfois improvisés, les rencontres déterminantes. Graphiquement, Golo Zhao propose quelques jolies images aux décors délicats et aux couleurs fines. Parfois ses profils sont exécutés rapidement, parfois avec beaucoup plus de profondeur. Le tout se lit vite avec quelques moments de contemplation. Cet album qui se classe définitivement dans la catégorie manga (mais dans le sens de lecture occidental) pourra toucher les lecteurs traditionnels, ceux qui ont pu, dans le passé, découvrir Taniguchi et ses rêveries japonaises. Il n'y a certes pas le même culte de la lenteur, mais l'intention est proche, intime et personnelle, avec ce partage culturel très enrichissant.