L'histoire :
Les quintuplés de Racleterre font la ronde en chantant les bienfaits d’une jeunesse remuante. De leur côté, les villageois s’inquiètent parce qu’Appoline Tricotin souffre peut-être de la même rage que celle qui a emporté son mari. Une délégation de médecins a donc été mandée pour examiner la pauvre femme. Le dévoué Floutard, qui veille sur elle, ne peut repousser une fois de plus ceux qu’ils considèrent comme des charlatans de mauvaise augure. Dès qu’ils pénètrent dans la pièce, le diagnostic est sans appel, la mauvaise odeur sucrée augure du pire. Elle souffre de gangrène, son bras est infecté jusqu’à l’épaule. L’ablation est impossible, elle n’en réchappera pas, Floutard a trop attendu. Une fois leur mère en terre, les 5 épateurs posent un problème au reste de la famille qui doit les prendre en charge. Ensemble, ils n’en font qu’à leur tête et une rumeur commence à dire qu’ils portent le guignon. Il est décidé de les séparer, pour les préparer à leur avenir. Le dimanche, pour la grand-messe, leur anniversaire et quelques autres fêtes annuelles verront les retrouvailles des frères et sœur. Les futurs hôtes ne veulent pas infliger un démembrement trop brutal à ces inséparables enfants. La nouvelle de la mort de la mère Tricotin est venue aux oreilles de Dame Jacynthe, la noble marraine de Charlemagne. Fort contristée de ne point avoir été consultée lors de la distribution des quintuplés, celle-ci annexe derechef son filleul…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le second tome d’Un loup est un loup voit la fratrie éparpillée aux quatre coins de Racleterre, pour briser le mauvais œil qui semble les avoir (à l’œil…), autant que pour tenter de contrôler un tant soit peu cette bande d’épateurs orphelins depuis qu’Appoline succomba à la gangrène de son bras. Le réalisme cru de cette époque est toujours aussi fidèle aux images que l’on se fait à la lecture du roman. Il est amusant de constater que les auteurs ont eu les mêmes projections. Il faut dire que l’histoire initiale foisonne de tellement d’images fortes que l’adaptation visuelle en découle naturellement. Cette histoire sent bon l’authenticité, la tête de mule pur jus et la truculence du ton d’antan, c’est un régal. Le second tome apporte une seconde pierre de choix à l’édifice de la saga Tricotin. Et malgré les 64 planches, un goût de « pas assez » vient ponctuer l’aventure en plein nouveau départ pour Charlemagne, immergé que l’on est dans cette aventure qui sort des sentiers battus. Le dessin de Federico Nardo, d’un niveau hors norme, épaulé par la couleur vivace d’Antoine Quaresma, transmet la rudesse de la vie dans les provinces de France à la fin du XVIIIème siècle. On sent la colère qui court parmi le peuple, à l’image de la révolte qui coule dans les veines de Charlemagne. Fidèle au modèle qui est un excellent roman historique vu du côté des gueux, la mise en images d’Un loup est un loup mérite sa place dans l’excellence de la BD. Parce que si l’adaptation est un exercice cadré (donc peut-être plus facile à aborder que la création pure), le résultat est rarement aussi abouti que dans ce cas. Et par ailleurs, s’il y a des adaptations qui s’avèrent finalement peu nécessaires, celle de la saga des épateurs de Racleterre par Pierre Makyo était une nécessité pour le patrimoine du neuvième art.
