L'histoire :
A la nuit tombée prés d’Ogamaw, dans l’Arkansas, quatre cavaliers armés investissent à pas feutrés l’Institution Baptiste de la Rédemption. Guettant un signal qui proviendrait de l’intérieur du bâtiment, ils attendent patiemment devant la grande porte. A l’intérieur, Jim Thompson, un gaillard à silhouette squelettique et au regard illuminé, s’entretient avec l’une des sœurs du couvent : il souhaite emmener immédiatement l’une des pensionnaires. N’obtenant pas satisfaction, il donne le signal attendu : les cinq hommes massacrent, incendient et ne laissent aucun survivant, si ce n’est la jeune fille qu’ils emmènent de force avec eux… Quelques jours plus tard, le général Sheridan demande l’aide de l’agence Pinkerton pour retrouver et punir les assassins : c’est sa nièce qui vient d’être enlevée et qui sera pendue si lui-même ne se livre pas aux assaillants et si, en outre, le Président Lincoln ne démissionne pas. Pour satisfaire cette demande, l’agence imagine confier cette mission à Blueberry. Elle dépêche en urgence l’un de ses agents pour le convaincre d’accepter. Après avoir extrait le jeune lieutenant d’une partie de poker mouvementée et lui avoir fait prendre un bain pour le dessoûler, il lui expose les faits. Il n’oublie pas non plus de lui préciser les motivations de Thompson : l’homme a été rendu fou par le massacre de sa famille et des 1276 âmes de sa communauté. C’est Sheridan qui avait ordonné l’assaut, afin de débusquer les partisans d’un de ses ennemis. Blueberry accepte la proposition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 18e album ouvre un nouveau diptyque pour une série mettant en scène un des héros qui, aux cotés de Lucky Luke, incarne pour la postérité le western dans la bande dessinée. Il s’agit, sous les plumes et pinceaux successifs de Charlier, Giraud, Wilson, Corteggiani et Blanc-Dumont, d’explorer le passé du fameux lieutenant : la série prenant place une poignée d’années avant celle où il laisse trainer les sabots de son cheval prés de Fort Navajo. Pour cette nouvelle aventure, François Corteggiani et Michel Blanc-Dumont, tels de bon vieux métronomes, livrent un nouveau récit. Ils nous concoctent une traque au gros vilain : un barbu sanguinaire brandissant le crucifix de poche, prêt à mettre le pays à feu et à sang pour se venger. Très intelligemment, le scénario tire sur la ficelle historique de la guerre de sécession, avec un double intérêt : utiliser faits et personnages réels pour crédibiliser le récit ; et profiter d’une période riche en ignominies pour assoir quelques critiques faciles sur la sauvagerie humaine, dont la guerre est l’une des plus représentative. Pour le reste, il nous faudra patienter avant de pouvoir juger la qualité intrinsèque du scénario : l’album se contente d’exposer – un peu longuement – le récit (comme s’il fallait étaler la matière pour la faire loger sur 2 tomes), multipliant les rebondissements un peu téléphonés et les scènes d’action attendues. Pour sa part, Michel Blanc-Dumont offre à nouveau un travail soigné mais tout aussi traditionnel que la narration (un effort est cependant fait sur les cadrages et la mise en page). En somme : un condensé de classicisme pour le genre et la série.