L'histoire :
EXPULSABLES ! A moins de connaître un grand sorcier capable, d’une aiguille savamment plantée dans sa petite poupée, de faire dans la seconde changer d’avis le fonctionnaire zélé… C’est le sort qui attend tout contrevenant irrégulièrement établi sur le sol français depuis trop longtemps. Bon d’accord, c’est dur mais l’administration française est compatissante, en proposant au fauteur de trouble de choisir de prendre place, soit du coté couloir, soit du coté hublot, dans l’avion. Certains tentent le tout pour le tout pour obtenir le précieux sésame : regroupement familiale, même sans femme et enfant (bin oui ! mais au moins il n’y aura pas à faire de demande de régularisation pour eux…). Ou bien ils s’enchainent devant la préfecture (ouais, mais on peut scier les barreaux). Ou encore, ils présentent une copie d’un contrat de travail et 3 derniers bulletins de salaire (ça marche aussi quand on vend de la drogue dans son quartier ?)… Bref on tente sa chance comme on peut. Mais au regard de la rigidité de certains, c’est à se demander s’il ne faudrait pas se transformer en pingouin. C’est une espèce protégée. Non ? EXPULSABLES ! On vous a dit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il vise juste, Berth… et dégaine tout aussi rapidement. En simplement 3 cases, le voilà qui ajuste sa révolte, appuie là où ça fait mal, manie en expert les quiproquos, avec pour seules armes un humour efficace et un dessin adapté. L’exercice n’est pas des plus commodes, mais il l’exécute haut la main. Aussi facilement que certains de ses personnages signent un ordre d’expulsion, séparent une famille ou verbalisent les méchants-vilains « aidants ». Car il s’agit bien là de faire grincer l’actualité comme il se doit, en se nourrissant des lois anti-immigration et de leur ministère, ou des formules nauséeuses qui fleurissent dés que le sujet est brulant. Plus globalement encore, du zèle au délit de salle gueule, dont notre société s’honore lamentablement. Bref, l’estocade est foncièrement politique. Mais quoi que l’on en pense, chacun des strips est une jolie piqûre de rappel alimentant le débat et nous évitant d’oublier un peu trop rapidement. La formule est la bonne. Berth nous fidélise à ces Expulsables via l’utilisation récurrente de certains personnages (le tandem de policiers, le fonctionnaire zélé…) ou des situations (par exemple les « x » tentatives lamentablement infructueuses d’un clandestin pour sa régularisation). Très rythmé, son travail fait penser à du « stand-up » dans lequel les formules claquent et s’enchainent sans discontinuer. Le dessin emprunte les traits de la caricature humoristique et porte impeccablement les dialogues. Un petit album, drôle et grinçant comme on aime, savoureusement préfacé par Siné dont l’Hebdo a initialement publié les strips de cette série.