L'histoire :
Matsuya Heidegger est chef régional du bureau de maintien de la sécurité publique du ministère du Sanshi. En gros, un flic chargé de préserver l’ordre dans un monde où l’apocalypse revient cycliquement, suivie d’une remise à zéro générale. Pour garantir que lui, sa femme et ses enfants renaîtront dans le même corps lors de la prochaine ère, il accumule des points de haramistu grâce à une vie ascétique, qu’il revend ensuite à un vagabond Shokaku contre de l’argent. Dans cet univers entièrement organique, du mobilier aux véhicules, des armes aux prothèses, rien ne garantit qu’un individu récupère son corps d’origine après chaque cataclysme. Lorsque survient une série de meurtres liés à des prothèses déviantes, Matsuya est chargé de l’enquête. Pour ce faire, il est accompagné de Vishnu Deridda, représentante du ministère de l’Organisme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec La Cité parasite, Shintaro Kago revient avec ce qu’il maîtrise le mieux : un mélange dérangeant d’horreur organique et d’érotisme glauque, le tout emballé dans un univers où la génétique a entièrement remplacé la technologie. Le monde qu’il construit suit les préceptes d’un bouddhisme déformé, saturé de notions ésotériques qui demandent un petit temps d’adaptation tant elles sont nombreuses et parfois ardues à intégrer. La narration, elle aussi, brouille un peu les pistes au départ. On tâtonne, on cherche à comprendre les règles de cet écosystème étrange et les enjeux en jeu. Mais une fois les mécanismes mis en place, le récit devient plus clair, et les thèmes typiques de Kago – dérives corporelles, transgression, fascination du grotesque – prennent toute leur ampleur. Le chapitre 0.1 ajouté en supplément est le bienvenu car il approfondit l’univers du récit. Graphiquement, l’auteur imagine un univers dense, richement pensé et cohérent dans sa folie. La violence y est omniprésente, presque viscérale. En revanche, les personnages, notamment leurs visages, souffrent parfois d’un certain simplisme qui contraste avec la complexité du décor. C’est surtout grâce à la couleur, présente uniquement dans le chapitre bonus, que le trait de Kago se révèle pleinement.
