L'histoire :
Collégien introverti, Charly a des problèmes dans à peu près tous les domaines. Il est amoureux transi de Léa, une fille impossible à conquérir, ses camarades de classe moquent en permanence son patronyme « Malfède » (le mal-fait, le fétide…), ses parents sont proches du divorce, il fait des cauchemars horribles et il est persuadé d’être porteur d’une malédiction. En effet, il a l’impression qu’il lui suffit de dessiner un évènement néfaste qui arrive à quelqu’un de son entourage, pour que cet évènement se produise réellement ! Son seul copain, Zaza, est aussi tête de turc que lui au sein de leur classe, notamment parce qu’il porte toujours le même jogging vert. Charly se trouve néanmoins une nouvelle alliée pestiférée, Sienna, au look gothique et à la réputation de lesbienne. Régulièrement, il se retrouve seul, notamment sur le chemin de retour de l’école. Dans ces moments là, il est harcelé par une ombre. Il se voit en train de traverser une haute passerelle reliant deux rives en forêt, par-dessus une profonde rivière. Et évidemment, lors de ses immersions ésotériques, il se voit à chaque fois finir par tomber du haut de la passerelle. Un matin, il apprend dans la cour de récré que Léa et son mec se sont plantés en scooter. Mais ça, Chary le savait déjà : il l’avait dessiné dans on carnet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette aventure qui pourrait être un one-shot, la malédiction dont pâtit le jeune Charly, à l’âge d’être collégien, est un peu floue. Est-elle réelle ou l’imagine-t-il à longueur de journées ? En est-il victime ou… coupable ? Car il semble bien que ce soit ses pensées néfastes, dont il a le contrôle, qui se muent en dramatiques réalités. Mais n’y-a-t-il pas des circonstances atténuantes aux dérapages contrôlés de ses idées noires ? Le mal-être causé par son ostracisme est-il la cause réelle de tous les maux ? Le scénario de Christian Carayon et Michel-Yves Schmitt surfe dans ce qui ressemble à un désordre un peu volontaire sur ces thématiques adolescentes. Le rejet des autres, l’amour de soi, la mutation sociale, les transitions familiales, l’amitié, les amours adolescentes, la projection du moi adulte, la culpabilité… Tout cela se mélange un peu en un flou artistique, mené à la façon d’un thriller ésotérique qui joue sur les angoisses légitimes de cet âge. Le lecteur adulte s’émouvra peu de ces portes ouvertes enfoncées. Ce dernier reconnaitra cependant que le dessin encré, semi-réaliste et stylisé d’Alessandra Marsili s’évertue au mieux à rendre l’ambiance glauque, ésotérique et gothique requise. Le découpage s’affranchit parfois des bordures de case, à la manière d’une longue séquence de cauchemar flippant.