L'histoire :
La violente guerre civile qui a ravagé le Salvador au cours des années 80 a engendré 100 000 morts et plus d’un million de réfugiés aux USA. Aujourd’hui, le quartier « Rempart » de Los Angeles accueille une forte communauté salvadorienne, qui ne s’est jamais vraiment mêlée aux autres hispaniques. Organisés en gangs, parfois ennemis, aux pratiques sauvages, fortement tatoués, ils sont ce qu’on appelle les Mara Salvatrucha, ou MS-13. De nos jours, à Washington DC, l’agent James du FBI subit les conséquences administratives d’un acte délictueux : il a tiré sur un policier, certes ripoux. Son directeur se sert de la sanction comme d’une épée de Damoclès : s’il veut rester au FBI, James doit accepter une mission ultra dangereuse d’infiltration chez les maras de LA. Quelques jours plus tard, James se fait donc passer pour un ex-trafiquant colombien sorti de taule. Il est « recruté » au sein d’une blanchisserie tenue par des pères évangélistes qui se sont donnés pour mission de réinsérer les anciens taulards dans la société. James y côtoie notamment Psycho, une brute avec un 13 tatoué au milieu du front, qui se fait violence pour être dorénavant sage. Mais bientôt, James croisera la route d’El Jefe, un chef des MS-13 particulièrement dangereux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On peut s’étonner que le second gang présenté par cette série sur les… Gangs appartienne à un registre aussi éloigné du premier. Au grand banditisme méticuleux élevé au rang d’art (cf. Les Pïnk panthers), succède en effet la violence primaire et décérébrée des « maras » basés à Los Angeles. MS-13 signifie Mara (de marabunta, la fourmi rouge tueuse) + Salvatrucha (le nom des rebelles salvadoriens) + 13 parce que le M est la treizième lettre de l’alphabet et qu’elle signifie la mafia mexicaine. Avec une telle équation, vous aurez déduit que seule compte ici la loi de la sauvagerie. Le MS-13 répond toutefois à quelques principes, essentiellement fondés sur un sens puéril de l’honneur, avec des règles débilissantes (pour être membre, faut survivre au tabassage des autres durant 13 secondes). Didactique, la première planche plante le contexte de guerre civile qui a authentiquement abouti à la création de ce gang. Le reste de l’album propose un thriller-fiction qui voit un jeune flic tenter d’infiltrer les maras de LA, afin d’en éliminer les leaders. De fait, Jean-Claude Bartoll met aussi en exergue son sujet sous un angle narratif différent, avec des dialogues et des comportements plus naturels chez les protagonistes. La partition purement fictionnelle lui offre visiblement plus de latitudes : sa narration change et s’en trouve bonifiée, ce qui participe aussi apparemment de la diversité de cette série pas comme les autres. Au dessin, Philip Andronik et Senad Mavric font fort correctement le « job » sur une ligne réaliste idoine, mais sans grande personnalité.