L'histoire :
Dans un monde parallèle légèrement féerique, Tomek, un adolescent, tient une épicerie. Un jour, une jeune fille de son âge pousse la porte de sa boutique pour acheter un sucre d’orge. Elle s’étonne de sa large offre commerciale : il semble pouvoir vendre à peu près n’importe quoi… mais aurait-il de l’eau de la rivière Qjar ? Tomek est désolé, mais cela, il ne l’a pas. Il n’a même jamais entendu parler de cette « eau qui empêche de mourir ». La jeune fille s’en va, déçue. Mais Tomek est sévèrement tombé sous le charme. Le soir-même, il demande à son grand-père Icham, un érudit, des infos sur cette rivière. Icham lui apprend qu’il s’agit d’une rivière qui coule à l’envers, un peu comme si elle aspirait l’eau de la mer pour remonter vers les hauteurs ! Et que nul n’a jamais réussi à trouver sa source, tant le périple jusqu’au sommet de la montagne sacrée est réputé impossible. Tomek est intrigué. La nuit suivante, un rêve bizarre le décide à prendre une décision folle. Il quitte tout pour rejoindre la jeune fille et l’aider à trouver cette eau qu’elle considérait si précieuse. Il prépare minutieusement un sac avec toutes les affaires qui pourront lui être utiles, il rédige une lettre à l’attention de son grand-père et accroche un panneau « Fermé » sur la porte de son épicerie… Puis il prend la route, vers le sud où se trouve l’océan, dans l’optique de pouvoir remonter le cours d’eau depuis son estuaire. Après plusieurs heures de marche, il tombe nez à nez avec une épaisse forêt…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, La rivière à l’envers est un roman jeunesse de Jean-Claude Mourlevat, un succès de librairie vendu à un demi-million d’exemplaires. Dans cette adaptation en BD, Max l’Hermenier respecte totalement le flux de l’aventure vécue par les jeunes héros, au fil d’une quête initiatique se déroulant dans un monde parallèle semi-féerique, appartenant à un autre temps insouciant. Le seul reproche qu’on peut formuler sur ce travail, c’est qu’un seul et unique tome de bande dessinée, même si celui-ci fait 66 planches, représente un volume cruellement court pour la quantité d’évènements qui se produisent. Car l’aventure de Tomek est riche en rencontres étonnantes et en contrées bizarres : la forêt de l’oubli, les ours aveugles géants, le village des parfumeurs, les fleurs dotées d’effluves hallucinatoires, l’île qui n’existe pas, l’infâme sorcière sur sa balançoire… Sans oublier, évidemment cette rivière qui coule à l’envers et dont la localisation de la source relève de la chimère. De fait, la narration file, les choses se résolvent vite, sans que jamais un instant de répit ne soit offert au lecteur pour (re)considérer leurs conjectures. L’ensemble est cela dit très agréable à lire, notamment par un public jeunesse qui apprécie quand ça ne traîne pas. Et c’est d’autant plus immersif que le dessin de Djet, d’inspiration légèrement manga, et rendu lumineux par la colorisation de Parada, convient à merveille au registre. Le dessinateur donne la juste mesure aux paysages et créatures enchanteurs ou fabuleux, et il ose des cadrages et des profondeurs aussi inventifs que rafraîchissants.