L'histoire :
Au moyen-âge, le comte Renaud de Morlange abuse de sa supériorité et de son omnipotence sur son fief. Par exemple, il n’hésite pas à piétiner, avec sa troupe de chasseurs, les champs de ses paysans, afin d’assouvir son bon plaisir de tuer un sanglier. Et il impose la réclusion au château à sa jeune épouse Mathilde, parce qu’il est jaloux du seigneur voisin, le sire Robert de Florange. Il se demande d’ailleurs s’il ne déclarerait pas une petite guerre à Florange, histoire de l’empêcher de tourner autour de Mathilde. Lorsque soudain, il découvre dans un sous-bois, la chaumière d’un ermite. Hola, ce gueux a-t-il au moins demandé la permission ? Paie-t-il son impôt ? Morlange exerce une nouvelle fois sa tyrannie en giflant le vieillard. Ce dernier lui lance alors un sortilège : chaque mois, à la pleine lune, Morlange vivra désormais une nuit sous la forme d’un renard, tout en conservant son esprit humain, jusqu’à ce qu’il ait fait pénitence. Morlange n’est pas superstitieux, mais en entendant ça, il n’est tout de même pas super tranquille. D’autant moins que l’ermite disparait aussi promptement qu’il était apparu. Or le soir même, c’est la pleine lune. Et Morlange se sent attiré vers l’extérieur du château, à faire une petite baignade dans une rivière proche. Il se dénude et plonge. Evidemment, quand il ressort de l’eau, c’est sous la forme d’un renard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il eut pu être arrangé par Perrault ou par les frères Grimm… Mais ce conte est en réalité une invention moderne d’Alain Surget, pilier du roman jeunesse. Ici, un seigneur cruel et tyrannique (et roux !) écope donc d’un sortilège qui le transforme en renard à chaque pleine lune. Une nuit tous les 28 jours, c’est toujours moins pénible que la forme définitive de bête dans la Belle et la bête ! Mais après quelques mésaventures nocturnes, ça suffit au conte de Morlange pour lui faire prendre conscience de son arrogance et de ses abus de pouvoir envers ses gens. Moralité : un peu d’humilité et de bienveillance ne nuisent pas à l’humanité. Et l’exercice du pouvoir ne s’use que si l’on en abuse. Le conte respecte tous les fondamentaux du genre, caricatural et manichéen à souhait, avec un zest de fantastique et une fin qui se termine bien. Il se montre également très simple dans son déroulement, même si le scénariste et adaptateur Maxe l’Hermenier tente de lui donner un peu de densité. L’ensemble est dessiné dans un style semi-réaliste encré et dynamique, avec application et académisme, par le nantais Mathieu Moreau qu’on a déjà pu voir à l’œuvre sur Le cycle de Nibiru et l’adaptation de la Machine à explorer le temps. Un carnet ludo-pédagogique termine l’album, à destination des plus jeunes.