L'histoire :
Février 1999. Péninsule de Kola en Russie. Un groupe d’hommes randonnent avec des traineaux à travers des plaines glacées. Tout à coup, l’un d’eux aperçoit avec ses jumelles une masse inerte dans la neige, difficilement identifiable. La petite équipée s’y rend et découvre avec stupéfaction que c’est un homme qui gît-là… et qu’il est vivant ! Deux jours plus tard, cet homme sans papiers d’identité est ramené toujours inconscient à Severomorsk dans un hôpital. Ses blessures et ses engelures montrent qu’il semble avoir été attaqué par un ours quelques jours plus tôt. La police est venue prendre ses empreintes pour les confronter à ses fichiers. En attendant les résultats, l’homme reste en observation à l’hôpital et le médecin chef prévoit de faire passer une annonce dans le journal en espérant que quelqu’un se présente pour venir chercher le blessé et donner des informations sur son identité. En attendant, ce dernier est placé dans un bain chaud pour tenter de vaincre progressivement son hypothermie. Son état est étonnant, car un homme normal aurait dû succomber à la morsure du froid. Quelques jours plus tard, le médecin chef s’interroge sur cet homme qui mobilise toute son attention. En effet, les tests et les analyses effectués montrent des résultats inhabituels. Son sang contient un taux très élevé d’une substance de synthèse qu’on ne parvient pas à identifier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Éric Corbeyran revient à un registre qu’il maîtrise à la perfection : le thriller nerveux, mâtiné de fantastique et de science. Tout commence au Nord de la Russie, dans un froid à geler le sang. Un homme, à moitié mort, survit miraculeusement. Très vite, la situation dérape : massacre, disparition, mystère. Puis 25 ans plus tard, le revoilà à Moscou, traqué par des mercenaires aussi implacables que déterminés. Qui est-il ? Homme, bête, ou expérience de laboratoire ? Corbeyran s’amuse à brouiller les pistes et distille les révélations au compte-goutte. Le scénariste prouve encore une fois qu’il sait tenir un lecteur en haleine. Son découpage est précis, son écriture sèche, son rythme redoutable. On pense à ces films d’action des années 90 où chaque silence est chargé de tension. Le mystère plane, la violence surgit sans prévenir, et la curiosité nous pousse à tourner les pages. Au dessin, Luca Malisan livre une sorte de photo-réalisme glacial, sculpté par des jeux de lumières maîtrisés. Les visages, les ombres, la neige, tout respire la froideur métallique et la menace. Au final, Bestial ne révolutionne certes pas le genre, mais il l’assume fièrement : c’est une ode aux séries B parfaitement huilée, servie par deux artisans au sommet de leur efficacité. Un pur concentré d’action et de mystère qui nous laisse déjà impatients de découvrir la suite.
