L'histoire :
En 2627, les humains ont oublié l’origine de l’esclavagisme dans lequel ils ont sombré, à des années-lumière de la Terre, dans le système Red Sun One. Leur structure génétique modifiée leur évite désormais de se rebeller, de produire le moindre acte de violence envers tout ce qui les entoure, ou même entre eux. Cet inhibiteur génétique ne les empêche cependant pas de s’activer à l’unique besogne qu’une puissance alien invisible réclame d’eux : extraire un minerai, le reddyrium, des astéroïdes jonchant l’orbite de la naine rouge. Bord’ et Cass’, respectivement frère et sœur, sont deux d’entre eux. Ils habitent parmi une colonie de mineurs au sein d’une station orbitale et passent leurs journées le marteau-piqueur en mains. Ce jour-là, cependant, un attentat commis par les Blue Dot Sons les rappelle à leur privation de liberté. Les « Dots » sont des humains qui ont réussi à se libérer de l’inhibiteur génétique, au moment d’un incident sur une station de forage. Depuis, ils luttent à leur façon, pour libérer leurs autres frères humains… mais ils n’arrivent qu’à commettre sans cesse de nouvelles victimes. Surprotégé par sa grande sœur depuis des années, Bord’ sent couler dans ses veines le besoin de prendre sa vie en main, de rejoindre les Blue Dots…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier opus de Red Sun est inaugural d’une nouvelle maison d’édition, Kamiti, concernant laquelle il est trop tôt de dégager une ligne éditoriale. A ce diptyque de SF scénarisé par Stéphane Louis, devrait en effet succéder un road-movie fantastique (avec Damien Marie et Karl T). Mais revenons à nos mineurs de l’espace et à Red Sun. La thématique de l’asservissement humain dans un futur lointain est un vieux classique de l’anticipation (cf. les films Divergente, Matrix…), dont s’empare aujourd’hui Louis, en tant que scénariste. Son intrigue répond aux standards du registre, sans les transcender, mais sans les atrophier non plus. Après un paragraphe pour nous introduire au contexte futuriste, façon générique de Star Wars, il nous présente au duo de héros, un frère et sa sœur, des mineurs asservis, que des envies de liberté chatouillent fortement. Malgré quelques dialogues superflu et des rapports psychologiques un peu appuyés – mais qui offrent une limpidité de compréhension des actes de chacun – le rythme séquentiel est plutôt immersif. La quête initiatique de liberté évolue de manière ordonnée jusqu’à la dernière page, cliffhanger d’un second tome à venir qui devrait être bien différent. Surtout, Allessandra de Bernardis ne mâche pas ses efforts en ce qui concerne l’ambiance cosmique et futuriste. Ses personnages sont expressifs, correctement « posturés » et proportionnés. Les vaisseaux, stations et créatures (l’alien geôlier !) confirment ses réelles inclinations pour le registre de la SF. Sans oublier les profondeurs vertigineuses vers le grand vide spatial et ses ambiances nébuleuses... Un (gros) hic concerne aussi la première édition de cette série publiée par la jeune maison Kamiti : un taux plus élevé que d’ordinaire de fautes d’orthographe…