L'histoire :
Asha, Ivy et Farzana sont 3 jeunes femmes qui forment un groupe de rap avec une petite notoriété et une belle communauté sur les réseaux sociaux. Il n’en faut pas plus pour être contacté par une marque afin de créer un morceau avec un partenariat juteux à la clef. Rien de tel pour se faire connaître ? Mais quand l’entreprise en question est une grosse société pétrolière nommée Tatol, la question éthique se pose dans le groupe. Finalement la bande trouve un compromis en acceptant l’offre et créant un morceau punk dénonçant son client, illustré par la photo d’une Tesla en feu. Bref un vrai suicide artistique. Contre toute attente, le titre devient viral, les abonnés grimpent en flèche et le client est aux anges, peu lui importe qu’il en soit la cible. Mais le pire, c’est que leur image de Tesla crée des émules et provoque une vague d’incivilités envers les voitures d’Elon Musk. Comment le groupe va-t-il gérer cet emballement ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès la couverture, l'objet est étrange, avec ce titre très énigmatique en forme de requête Google, derrière lequel se cache un bébé tenant dans sa main la fameuse voiture électrique enflammée susnommée. Venue tout droit de Norvège, cette bande dessinée de Fanny Vaager propose une réflexion intéressante sur les nouveaux choix cornéliens proposés aux artistes pour exister. Si l’art a toujours eu besoin de mécènes pour survivre, peut-on renier ses valeurs à ce titre ? De plus, dans un monde ultra connecté ou le moindre écart moral est pointé du doigt, cette nouvelle génération Z en quête de vertu fait face à des contradictions inévitables. Visuellement, on retrouve toutes ses réflexions dans les dessins de Annika Linn Verdal Homme, aux traits simplistes et aux couleurs riches comme dans un livre jeunesse, le tout mélangé à des planches de collages, photos montages de textos et autres écrans de bureau d’ordi saturés d’icônes, alternants avec l’évolution monstrueuse d’un bébé à l’appétit vorace. De tout cela nait un humour absurde, féroce et inconfortable, qui n’est pas sans rappeler celui d’un David Lynch de Eraserhead ou Twin peaks. Photo d’une tesla en feu est une satire burlesque de notre société moderne et mérite vraiment le coup d’œil. D’autant que ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de lire une BD venue de Norvège. Alors gå for det!