L'histoire :
Une auteure travaille dans une petite maison d’édition à Marseille. De plus en plus, ses cervicales se fragilisent à force de transporter des tonnes de papiers. Douleurs récurrentes, mal-être physique, psychique et moral, dessinent les contours d’un quotidien pénible. Trouver la cause, éloigner le mal, soulager ses souffrances, telles sont ses priorités. Docteurs en tous genres, exercices nautiques, tous les moyens sont bons pour faire disparaître la douleur. Mais rien n’y fait, il faut donc se résoudre à employer d’autres moyens : le tai-chi par exemple… Cette vie faite de douleurs physiques et de névroses, Caroline n’en peut plus, à tel point qu’elle en rêve la nuit, ou plutôt, en cauchemarde. Elle veut pourtant s’en sortir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Caroline Sury œuvre dans la BD alternative, notamment par le biais de l’éditeur associatif marseillais, le Dernier Cri. Dans Cou tordu, publié chez l’Association, elle raconte son quotidien marseillais. Un quotidien de fadas, fait d’événements routiniers et néanmoins usants. Son ambition ici, explorer et disséquer le terrain de la conscience et du rêve, à travers notamment un graphisme nerveux, parfait miroir d’une douleur avant tout physique. Au terme d’une lecture qui prend aux tripes, une chose est sûre : ce Cou tordu se révèle sans concession. Véritable expérience de lecture où le livre se transforme en exutoire de souffrances et de malaise, cette BD sert parfaitement son propos. Difficile de ne pas être touché pas cette personne luttant corps et âme malgré la douleur. Pas de bons sentiments ici, ni de mièvrerie. On est bien dans le réel, le vrai, même si Caroline Sury s’autorise souvent des échappées oniriques forts à propos. D’ailleurs, son dessin brut ou charbonneux, surchargé ou torturé, constitue le véritable atout de cette BD. Car il en résulte un vrai travail d’auteure avec une patte graphique très particulière, dont il se dégage aussi une tension pesante, qui ne nous lâche pas du début à la fin. Puis, on comprend finalement que l’acte de dessiner se révèle un parfait dérivatif pour exorciser tout ce mal. Coucher ses traumas sur papier, partager la sensation de douleur pour mieux la diluer, c’était sans doute là une des ambitions de Cou tordu. Et c’est réussi. Expression cauchemardesque et fantasmatique d’un malaise quotidien, Cou tordu saura toucher votre réservoir d’empathie en plein cœur. Une belle et sombre catharsis, en somme.