L'histoire :
Par un jour de pluie maussade, Mathieu Sapin, auteur de BD ringard et aigri, qui vit reclus sur son île natale, relit au coin du feu sa série-phare Rififi et Biscotto. L'occasion pour lui de se rappeler ses heures de gloire, lorsqu'il était reconnu. Jusqu'au moment où un petit scout, Capucin, tape à sa porte pour lui vendre des calendriers. Magistrale erreur ! Tout son passé et ses fantômes vont resurgir pour le hanter à nouveau, tandis que le succès et la reconnaissance vont persister à le fuir. Le début d'un petit calvaire dans une jungle bien trop humaine : courant après la pipe de H.P. Lovecraft, il croisera une cartomancienne gourmande en petits rejetons, Crispin, le pain de sucre qui parle, Rififi et Biscotto, une mie de pain, Jean-Poil, un postier volontaire et d'autres amants trompés et trompeurs réglant leurs comptes par fusils interposés. Des aventures à n'en plus finir et des meurtres en pagaille. Le début d'un enfer sans nom pour Mathieu, décidément, à qui le 9ème art se refusera définitivement... ou presque.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Paru en plusieurs tomes dans la collection Mimolette à partir de 2006, Le Journal de la Jungle retrouve une nouvelle jeunesse dans un format « intégral ». Dans une veine bien débile tout à fait réjouissante, Mathieu Sapin met en scène sa condition d'auteur sur le retour et sans talent, ringard et aigri, ayant atteint le succès sur des malentendus. Car franchement, en plus de n'être guère drôle, sa série Rififi et Biscotto frôle le degré zéro de l'humour ! Là où la sapinerie de Mathieu fonctionne à plein, c'est dans une forme d'ironie jusqu'au-boutiste complètement assumée, avec un sens de la dérision jubilatoire et touchant qui ne se dépare jamais d'une cruauté bien absurde. Comme dans Salade de fluits ou Supermurgeman, Sapin développe une ligne créatrice jouant l'humour saugrenu, mêlant des histoires sans queue ni tête mais qui, malgré tout, mises bout à bout, finissent par mettre un peu d'ordre dans une jungle apocalyptique forcément sans pitié, touffue et pleine de surprises, où à coups de mensonges, de veulerie, de malchance et d'une bonne dose d'incompréhension on finit en héros de BD ou moribond dans une pauvre chambre d'hôpital colonial ! De l'humour cocasse ou grotesque, un rythme effréné, des situations improbables, un passé sordide portés par un trait sale et jeté : il n'en faut pas plus pour passer un moment très plaisant.