L'histoire :
Au pressing, Lapinot lave son linge sale pendant que Richard lui fait part de sa nouvelle folie : il veut créer une série télé avec des zombies qui écrasent les piétons dans un monde post-apocalyptique. Lapinot, bien entendu, trouve ça nul et immature. Richard, lui, trouve son ami trop moralisateur. Du coup, il propose un pari à Lapinot : chacun prend l’identité de l’autre, le premier qui se rate devra un service non refusable à l’autre. Alors qu’ils attendent la lessive au bar, Nadia arrive. Malgré la pression, Lapinot gagne le pari. Cléa arrive et l’amoureux de Nadia aussi. Les amis se séparent et pendant que Richard raconte son idée à Cléa, Lapinot lui dit qu’il ne peut l’aider la semaine suivante, car Cléa et lui partent en tournée humanitaire. En fait, ils vont en province chercher des endroits où créer des temples athées. Alors qu’Alice explique à Richard qu’il doit faire confiance à sa bêtise pour créer son scénario, Lapinot appelle et demande à Richard son service non refusable : l’accompagner à la place de Cléa, retenue à Paris. Voilà les deux amis en voiture avec un agent du gouvernement, Monsieur Verlat, vieux binoclard en costume vert, qui va s’avérer un personnage totalement hors du commun…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Un monde un peu meilleur et Les Herbes folles, voici le troisième opus de ces Nouvelles aventures de Lapinot, le héros mort en 2004 dans l’album La vie comme elle vient et qui est re-né dans un monde parallèle en 2017. L’actualité de Trondheim est très riche en ce début d’année puisqu’en marge d’une exposition qui lui est consacrée à Angoulême, viennent de sortir deux Donjon (Donjon Antipodes -1000 et Donjon Zénith T7), avant un nouveau Densité, un autre Lapinot, un autre Donjon, etc. 2020 sera l’année Trondheim. Comme les précédentes, en fait. Dans ce nouvel épisode, Lapinot et Richard se retrouvent embarqués dans un road movie mené par un troisième larron, à mi-chemin entre les deux, qui semble bien sous tous rapports mais qui n’a en fait aucune espèce de retenue. Ce Monsieur Verlat, homme d’un certain âge, en costume, haut fonctionnaire de l’Etat, jure comme un charretier, se bat comme un ninja et gère les relations comme un politique sans scrupule. Comme d’habitude, les personnages sont extrêmement bien finis, recherchés, profonds. Les relations entre Lapinot et Richard évoluent peu, Lapinot restant le pince-sans-rire très terre-à-terre, souvent rabat-joie ; Richard, lui, est l’éternel enfant qui s’amuse de tout, sans surmoi. Son histoire de morts-vivants conduisant des voitures alimente les discussions des amis qui, comme souvent, sont hallucinées et hallucinantes. Les relations amoureuses et amicales évoluent, et la bande de Lapinot noue sa propre histoire. Comme d’habitude, Trondheim joue parfaitement sur les décalages, les dialogues sont drôles, ciselés. Comme d’habitude aussi, la fin est abrupte, assez inattendue et un peu tirée par les cheveux. Comme d’habitude, on en redemande… (ça y est, vous l’avez dans la tête ? toute la journée, je vais jouer à faire semblant…)