L'histoire :
Guy Delisle arrive à Pyongyang, capitale de la Corée du nord, pour exercer son métier de graphiste. Le studio d’animation SEK l’a en effet recruté pour une période de deux mois, afin de superviser la production de dessins animés. A peine sorti de l’aéroport, Mr Kyu, son guide, lui offre un bouquet de fleurs et l’emmène au passage imposé pour tout nouvel arrivant. Cet endroit si important pour les Nord Coréens est la gigantesque place ou trône la statue de 22 mètres de haut du président éternel Kim Il-Sung. Après cet étrange rituel et un passage à sa chambre d’hôtel, Guy part découvrir les locaux de son futur poste. Arrivé à la SEK, il est accueilli par Sandrine, une ex-collègue de Saigon (Vietnam) qu’il est venu remplacer. Cette dernière lui présente le travail à superviser et à faire dans ce studio spécialisé en « intervalles ». Petit à petit, Guy essaie de s’adapter à ce pays truffé d’interdits et de bizarreries, telles que le reverse : sport d’origine chinoise consistant à faire de la gymnastique en marchant à l’envers.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien avant la sortie de l’excellent Chroniques de Jérusalem, Fauve d’or 2012 à Angoulême, Guy Delisle édita ce premier récit de voyage. Celui-ci ne se passe pas n’importe où : Delisle cible la Corée du Nord. L’auteur partage dans cet ouvrage son expérience en immersion dans le pays le plus mystérieux du monde. Ces 180 pages riches en informations assouviront toute la curiosité qu’on peut avoir sur ce pays. On y apprend avec étonnement la liste des choses interdites pour les visiteurs : pas de véhicule le dimanche, pas de téléphone portable, pas de radio, pas de revue pornographique… L’ouvrage met aussi en lumière la méthode de réduction des coûts de production pour les dessins animés occidentaux. Peu connu du grand public, ce procédé consiste à laisser la conception d’une partie de l’animation par des studios implantés dans les pays du tiers monde. Dans son scénario, Delisle utilise talentueusement en fil rouge le livre 1984 de George Orwell et son célèbre « Big Brother », clin d’œil parfaitement adapté à ce pays. Le dessin monochrome est soigné, vivant, agréable à regarder. Cependant, deux pages réalisées par un autre auteur, vers la fin du livre, jurent par le changement de style de dessin, proche d’un mauvais blog dessiné. C’est dommage, car hormis ce petit bémol, ce livre est particulièrement réussi. Delisle réussit encore une fois, par son talent, à nous emporter avec lui dans ses folles aventures. Vivement son prochain voyage !