L'histoire :
Charli, Pauline, Sam et Angel partent passer un weekend à la campagne, chez la marraine de Pauline. C'est là, dans la ferme isolée au milieu des contreforts d'une montagne, qu'ils vont se retrouver pour la célébration de leur amie Ahnah, disparue il y a déjà un an, sans prévenir. Elle avait été recueillie bébé par le couple quelques quinze ans plus tôt, et faisait partie de la famille, avant cette « évaporation » jamais élucidée. Cette année, il va falloir faire plus, être imaginatif, pour que le manque se transforme en vrai deuil. Les souvenirs affleurent, les regrets aussi. Et la nature environnante va offrir le havre de paix nécessaire à cette introspection collective...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré son titre, A travers la nuit célèbre le vivant, à l'image de sa couverture pleine de dynamisme sentant bon la liberté. L'herbe est haute, grasse, et de jeunes gens accompagnés d'un beau chien blanc batifolent à la lisière des bois. Le dessin, identique à l'intérieur, est réalisé au crayon gris, sur lequel des huiles diluées amènent un peu de douces couleurs, rehaussées au feutre et à l'ordinateur. Son autrice, bretonne de naissance, mais vivant depuis 20 ans en Belgique, est surtout connue pour ses publications dans des revues du même éditeur. Seul un premier album jeunesse avait auparavant paru aux éditions de la Pastèque. La symbiose entre le sujet, le ressourcement bucolique dans une nature dense (relativement) sauvage, et la technique graphique, est totale. On est immergé dans l'humus, tel un des personnages, en page 179. Mais cette ressource est aussi mentale, chacun venant chercher ici, loin de tout tracas, le fantôme de leur amie. Dès lors, si au départ, dans les premières semaines sûrement, des figurines peintes et des babioles ont été accrochées à un arbre près de la rivière, aujourd'hui, cela ne suffit plus. Et le deuil de cette disparue doit se faire sous une autre forme. Le récit évoque donc ce moment précis où, en communauté, on accepte la perte d'un être cher et on le fête, à sa manière, en célébrant aussi la vie. Cela pouvant prendre, comme ici, une connotation scandinave. Un roman graphique Feel Good, beau et apaisant.
