L'histoire :
Bienvenu à Vampire City, un monde où les vampires vivent en apparence tranquillement à part des humains. Certains, pas tout à fait dupes, ont cela dit monté une association de défense d'eux-mêmes : Bloodless. Sophie, jeune vampire engagée, vit avec Marnie, sa créatrice, plus traditionaliste, même si ouverte. Elle va rejoindre Bertie, le créateur du club, accompagnée par Alfie, Richie et Jonnie. Leur bande va devoir accueillir en catastrophe Chrissie, une humaine parlant allemand, sauvée d'une des couveuse des fermes à sang en périphérie de la ville, suite à une intrusion d'un de leurs membres pour leur magazine d'info. Comment vont-ils pouvoir la cacher ? Et veulent ils seulement le faire ? Une dénonciation au grand jour de ces pratiques ne serait-elle pas plus courageuse, bien que risquée ? Car les loups garous chargés de la surveillance de leur monde rodent...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Valentine Gallardo, déjà lue en 2016 avec Pendant que loup n'y est pas, revient en solo avec un conte moderne emprunt de réflexions écologiques et politiques. On croise beaucoup de femmes dans cet opéra tragi-comique mettant en scène de jeunes vampires engagés pour une noble cause, dépassant leurs préoccupations naturelles, afin d'opérer un changement de mentalité sociétal, au risque de leur vie. Cette parabole humains-vampires est évidemment le reflet de notre relation à l'animal et notre dépendance alimentaire, à revoir en cette partie du XXIe siècle. A cela s'ajoute l'implication concrète par la dénonciation, et l'action, où l'art a aussi sa place (ici, la réalisation d'un magazine, mais aussi le travestissement). Si parité il y a, on note une volonté d'action féminine qui ne passe pas inaperçue, et le pouvoir de faire changer certaines mentalité, tout en mettant les responsables et dirigeants devant le fait accompli. Le dessin relativement simple, à l'encre noire, sans fioritures, assez typique des publications de l'éditeur, se prête parfaitement au propos et offre une lecture très plaisante, jusqu'au bout. Nul doute que les lecteurs prêts à passer outre le noir et blanc et ce style fanzine, pourtant plein de richesse, trouveront là une lecture de divertissement ne manquant ni de charme ni d'intérêt.