L'histoire :
Le maréchal Pétain revient d'entre les morts, appelé par tous les extrémistes français. Doté de pouvoirs diaboliques, Il fusionne avec notre président, créant un monstre patriotique ultra nationaliste. Le petit chien-chien Zemmour est aussi de la partie, tandis que tous les fachos et gardiens de la paix, aux ordres, sont transformés en cochons. Un cadenassage est opéré dans tout le pays, avec des moyens conséquents, traquant tout ce qui n'est pas « français de souche ». Devant ce cauchemar devenu réalité, la résistance s'organise, d'abord dans les villes. Puis, la répression se faisant plus vive et systématique, dans les endroits reculés, dans les campagnes et à la montagne. Comment tout cela va-t-il évoluer ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le début en fanfare et en couleur, sur les trente premières pages, se fait façon Manga, avant de passer au noir et blanc. Il faut dire que ce personnage haut en couleur de Pétain le méritait. Ou plutôt méritait-il cet hommage posthume, tout en moquerie punk, allez savoir. En tout cas, Pierre Ferrero s'est attelé à ce scénario, depuis 2019, au long de pages éditées dans de petits fanzines auto produits. En y repensant, et tel que l'écrit dans sa longue postface Julien June Misserey, libraire et commissaire d'expositions, mais aussi créateur de l'association Chifoumi, (avec lequel l'auteur parcours l'hexagone dans le cadre d'ateliers de création), 2019, c'est surtout un contexte. Celui du moment où Pierre Ferrero, issu du collectif Arbitraire lyonnais, s'interroge sur le monde dans lequel il vit. Réchauffement climatique, affaire Benalla, Gilets jaunes, puis COVID 19, morts en cascade de migrants au large de nos côtes... Voilà le « pourquoi ». Quant au « comment », déjà évoqué avec la thématique fanzine, que l'on retrouve dans le trait souple et libre du noir et blanc du dessinateur - dans la veine d'un Max Radigues d'ailleurs, voire Riad Satouff sur certains personnages de flic boloss - il faut avouer que tout fonctionne à merveille. Le récit détonne par sa faculté à faire rire et grincer des dents (des défenses ?) en même temps. Les sujets abordés : racisme, police d'état, répression, migration, mais aussi : solidarité, résistance, patriotisme(s), sont lourds, et pourtant l'auteur parvient à les traiter avec humour, car il a choisi son camp. Celui de la défense des libertés, du rejet de l'obscurantisme et des vieilles peurs. C'est parce qu'il dépeint ce retour d'un vieux maréchal, adulé par des nostalgiques d'un passé révolu et fantasmé, et qu'il en fait un défouloir monstrueusement parodique, tout en décrivant des faits réels documentés, qu'il y parvient. Autant un livre pour rire que pour réfléchir !
