L'histoire :
19 décembre en fin de soirée. Un couple d’étudiants se fait découper sur la plage. Profitant de la pénombre, un homme armé d’un terrible couteau de survie s’est approché. Le couple, alors en pleine étreinte, ne l’a pas vu arrivé… Le lendemain, en fin de matinée. Au commissariat de la côte, l’agitation est relative. La plupart des collègues sont en vacances pour les fêtes (ou malades). Seul l’inspecteur Klaus est fidèle au poste. En raison de ses piètres résultats derniers, son chef lui explique qu’il lui faut redresser la barre. Lui ne sera pas là pour l’aider, il a des cadeaux de Noël à faire (…). Mais à son retour d’ici une semaine, le rapport doit être sur son bureau ! Heureusement pour Klaus, Nakamura le secondera. Le policier a la fâcheuse tendance à dégainer son arme à tout bout de champ – y compris pour verbaliser des automobilistes mal garés – néanmoins il sera un renfort précieux dans une enquête qui s’annonce délicate. « Très » délicate. La scène de crime est une vraie boucherie. Des têtes arrachées et des membres en guirlandes sur un sapin ou enveloppés en cadeau à son pied. Même la tradition de trêve de Noël n’est plus respectée ! Affreux. Le laboratoire d’analyse fermé, toute résolution scientifique est à écarter. Mais l’assassin a commis une erreur : il a laissé sur les lieux les pièces d’identité des victimes. Louise et Jeremy fréquentaient le collège Notre Dame de la Fraternité entre les Peuples. C’est là-bas que commencera l’enquête. L’ambiance est pourrie. L’enquête s’annonce tendue, délicate. « Très » délicate. Va y avoir Du sang sous le sapin!…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un titre qui ne paye pas de mine mais réserve une heureuse surprise pour les fêtes ! En matière de bande dessinée, il faut savoir se montrer curieux et dénicher dans la botte de foin éditée, la paille qui vous mettra l’étincelle ! Cette année, c’est chez L’employé du moi notamment que vous devrez vous tourner avec, par exemple, ce « presque » gaufrier N/B – le découpage s’autorisant quelques infidélités au rythme invariant du damier –. Modeste opus carré, fait de hachures et d’encrages en tout sens, Du sang sous le sapin détonne! Visuellement, la compréhension des formes passe en effet par les sens et nombre du trait. L’air de rien, avec de la couleur, on rapprocherait volontiers le résultat de ce que rend un David B. sur papier ou South Park à l’écran. Diablement réfléchi et étudié en tout cas, pour une efficacité étonnante. Côté propos de même, l’aplomb des répliques tranche tel une lame de rasoir et l’ensemble alterne premier et second degré. Du début à la fin, le lecteur danse sur ces deux pieds. La galerie de personnages séduit : le sérieux du héros droit dans ses bottes, couplé au caractère nerveux de son coéquipier, petit japonais à tête de turc (limite psychopathe). Incongru et brut de pomme. Les auteurs, Alexandre de Moté et Philippe Vanderheyden, jouent avec les codes du genre thriller/horreur de série B. La scénaristique de Noël, le couplet sur l’Amour, le « revival » final du méchant, sa motivation primaire, des rebondissements bidons, un happy-end cliché, etc. Décalé, voulu et jubilatoire, en définitive ! Un joyeux cadeau de Noël en perspective, un brin trash et délicieusement grinçant. Dieu que cela fait du bien !…
