L'histoire :
Le jour du premier tour de l’élection présidentielle française de 2007, Yves Carlet rentre de Chine. Il fait une pause à Lille, chez des amis, puis rentre chez lui, à Bruxelles, où il est étudiant et vit en collocation en compagnie de 4 potes. Il remarque bien un pigeon mort sur le trottoir, mais ne s’inquiète pas encore. Le soir et le lendemain sont occupés par une réunion de leur association d’artistes et une soirée bien alcoolisée. Le surlendemain, ce sont plusieurs dizaines d’oiseaux qui sont retrouvés morts dans un parc public… et le soir, les infos télévisées communiquent sur une info légèrement angoissante : un virus inconnu s’est abattu sur Bruxelles. Il a décimé les oiseaux et 3 personnes sont hospitalisées. Mais l’actualité est tout de même dominée par les intentions de vote en France… Le matin suivant, un de ses potes se lève avec de terribles nouvelles : les 3 personnes hospitalisées sont mortes, des cadavres d’animaux sont retrouvés par dizaines de milliers et le gouvernement s’est décentralisé à Anvers : Bruxelles est placé en quarantaine ! Dès lors, c’est la psychose : les gens ne sortent plus de chez eux, des barrages militaires se mettent en place, le ravitaillement s’organise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débuté sur le ton de la chronique sociale, avec l’option BD-blog autobiographique, H27 incline astucieusement son timbre en devenant, après quelques pages, un récit de catastrophe-fiction particulièrement angoissant. « Fiction », puisqu’il raconte l’histoire d’une épidémie mortelle se déroulant à Bruxelles, au moment de l’élection présidentielle française de 2007. Or, chacun sait qu’à cette époque, il n’y a pas eu d’épidémie mortelle… Plutôt que de jouer, à la manière des films catastrophes, sur une construction chorale de la narration, l’auteur Younn Locard se place de l’unique point de vue d’un groupe d’amis. Le sentiment d’angoisse est d’autant plus fort, que cet angle est hyper réaliste et qu’il nous donne le sentiment que c’est exactement ce qu’il se produirait en pareille situation. L’ambiance quasi-apocalyptique à l’échelle du quidam fait d’ailleurs penser à celle de l’excellente série Guerres civiles. Le récit débute lentement, mais on est rapidement « infecté », incapable de lâcher ce petit bouquin souple en noir et blanc, jusqu’à son terme. Bien joué ! Le dessin en noir et blanc de Locard, très spontané et « nouvelle vague », rebutera peut-être les amateurs de BD classique, mais ce serait dommage de s’arrêter là car cette histoire tragique vaut le détour. L’ouvrage bénéficie en outre d’un renfort promotionnel involontaire, car il parait au moment de l’épidémie annoncée de grippe H1N1 ! Pas sûr que la petite maison d’édition L’employé du Moi ait les moyens (et la volonté) de surfer sur la chose, mais à l’heure où la population a tendance à tourner en dérision les mesures sanitaires, l’album plaide tout particulièrement en faveur de la vaccination ! Dommage que l’ouvrage ne soit pas remboursé par la sécu…