L'histoire :
Arrivé à un certain stade de sa vie, l’homme est tenté de regarder derrière. Plusieurs évidences lui apparaissent alors. L’une veut que l’existence sociale d’un être, limitée dans le temps, est à la croisée des sens et de l’imaginaire. Mais mettre sur papier, en dessin, des pensées venues au détour d’une rue, d’une allée, en train, derrière une vitre par temps de pluie, etc. n’est pas chose aisée… Quels étaient les rapports d’il y a quelques années ? Le ronronnement d’un moteur de bus peut-être. L’odeur du tabac. Une musique et des lieux familiers aussi. Le souvenir qu’un soir après boulot, empruntant le chemin du parc, l’impression d’une vie labyrinthique s’imposait à soi. Une vie difficile encombrée par l’écueil de la mémoire. Une vie funambule à la merci d’une chute inexorable. Une vie enfin, partagée en compagnie souvent d’un compagnon ou compagne, chacun ayant son propre cheminement, ses difficultés ce parcours, ses joies et ses coups de moins bien (…), cela ne durant qu’un temps…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’auteur a ces mots pour conclure sa préface : « Peut-être est-ce illusoire d’essayer de traduire notre vie intérieure à l’aide de fragments de textes et une imagerie réductrice (…) ». Illusoire, je ne sais pas. Mais difficile, compliqué, incertain (!), très certainement. Hush-hush est un récit très personnel, autobiographique sans doute, couchant sur le papier et en images des moments passés et des pensées. Se présentant sous forme d’un cahier couleur organisé (selon une table des matières), l’album rencontre différents écueils, et sa lecture – compréhension – en est par incidence difficile. Visuellement d’abord, le trait est a minima. Simplicité et géométrie président à un dessin qui, s’il a le mérite d’être clair – et bien s’en faut au regard du propos –, ne constitue pas une plus-value à l’œuvre. La couleur, sobre et plutôt « terne » (délavée du moins), n’apporte pas de dynamisme non plus. En résumé, l’impression visuelle est celle d’un récit posé, limite contemplatif. Et, en effet, le propos se veut très intériorisé, réfléchi et tourné vers le vécu ou le ressenti. Difficile de traduire en images, les impressions d’une chanson, l’odeur de lieux familiers ou encore des pensées très libres. Au travers de cours chapitres épars, Cole Johnson revient avec une certaine nostalgie sur une période de sa vie qu’on peine à saisir vraiment. Manque de cohérence, d’explication, personnages non présentés qui passent, etc. Jamais le lecteur n’entre réellement en communion avec le propos souhaité, ni ne le comprend vraiment. Trop d’ellipses, d’implicite, d’impressions suggérées sans en donner les clés. Cet album en quête de lui-même peine à convaincre et laisse son lecteur circonspect. Un rien nombriliste ? Hermétique de fait.
