L'histoire :
Avec son pote Lucas, Jean-Michel Pinchot est étudiant à l’Académie des Beaux-Arts. Il suit les cours de Monsieur Charpentier. Plutôt que d’aller à la fête des 2ème année, Jean-Michel préfère continue à bosser son dessin. Il enfile une combinaison noire et enfourche son vélo pour aller croquer une belle jeune fille nue, à son insu, qui se baigne nue dans sa piscine. Malheureusement, il se fait repérer par Tania, le chien de celle-ci, qui réussit à s’emparer de son sac contenant un carnet de croquis. Jean-Michel parvient à s’échapper. La jeune fille découvre que ce carnet est rempli de dessins de nus la représentant. Le lendemain, Jean-Michel retourne en cours. Dans les couloirs, une petite annonce l’interpelle sur un panneau : un dessin de son carnet de croquis avec la mention suivante : « Je mettrai une page par jour. Rejoins-moi ce soir si tu veux ton carnet ! ». Iéléna, elle aussi étudiante aux Beaux-Arts, croise une camarade et lui raconte sa mésaventure de la veille… qui est en fait une aubaine pour elle. De quoi relancer sérieusement son projet vidéo et l’élever au rang d’œuvre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sacha Goerg, fondateur de L’Employé du Moi, basé à Bruxelles, alterne entre publication indépendante et albums chez de gros éditeurs. Après l’excellent Chicagoland édité chez Delcourt, il compile les planches publiées dans un fanzine Nu (17 numéros au compteur !), dans un petit format riche de plus de 170 pages. Nu parle des pulsions créatives. Chez Jean-Michel, ça tourne à l’obsession. Peu inspiré par les vases ou les corps humains qui s’exposent en cours de dessin, il cherche ailleurs la façon d’exprimer sa verve créative. Il a un irrépressible besoin de reproduire des corps féminins empreints de sensualité. Malencontreusement, sur sa route, se croise encore plus barré que lui, Iéléna, qui est dans un délire de performances vidéo plus hardcore. Il y a toujours plus voyeur que soi ! Nu évoque aussi les relations amoureuses compliquées des jeunes adultes et les difficultés à apprivoiser les sentiments. Des thèmes de prédilection chez l’auteur, comme l’attestent ses publications abondantes sur son blog : sachagoerg.com. Son dessin dynamique en noir et blanc rappelle par moment Riad Sattouf et les aventures du pauvre Jérémie, mais dans une ambiance un poil plus sombre. Le twist final nous renvoie à notre désir voyeuriste permanent, dans une société où l’on veut tout voir sans se soucier des individus qu’il y a derrière…