L'histoire :
Gus et François sont deux potes lycéens, tous deux dans le même établissement, et sèchent ensemble, à une semaine du baccalauréat. Le soir, tout en draguant, ils se font peur à essayer de débusquer des SDF un peu sauvages hantant les rues de leur cité, se réfugiant, après avoir erré dans Ville, dans la forêt attenante. C'est promis, demain matin, à la première heure, tous les deux se rendront derrière le grillage séparant le monde connu... de l'inconnu, représenté par une forêt « interdite ». Cela va être le début d'une aventure incroyable, où ils découvriront le mode de vie du géant Ivan et son chien Boris, d'étranges créatures. Et surtout où ils se révéleront à eux-mêmes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lucas Sholtes est étudiant aux arts décoratifs de Strasbourg. Précoce créateur, il est le premier de sa promo à se faire publier, apparemment, et cela n'étonne pas, tant il est à l'aise avec la narration. Celui-ci utilise d'abord les codes du fantastique, en emmenant l'étrange dans le quotidien de ces deux lycéens aventuriers. Puis c'est au roman d'aventures qu'il emprunte ensuite, nous embarquant dans un trip initiatique, évoquant aussi bien Edgar Rice Burroughs, que Ugo Bienvenu (Sukkaan Island) ou James Tynion IV avec Woods. L'auteur ne se contente pas de « faire » de l'aventure, il engage ses jeunes héros dans des questionnements sociétaux, des introspections qui les placent face à leurs peurs, exacerbant leurs valeurs naissantes. En fait, le propre de l'Aventure, la vraie. Le dessin moderne, usant beaucoup des formes géométriques (immeubles, rues... ) est anguleux, limite pixelisant, tel un jeu vidéo vintage. Mais celui-ci, adouci par des tons de couleurs doux, exprime un style unique, original, au charme fou. On sort de Solstice avec l'impression d'avoir lu un conte philosophique aux limites du psychédélisme et découvert un auteur qui comptera, qui compte déjà. Les pierres sont en tout cas bien alignées pour accueillir ce Solstice d'été.