L'histoire :
Tout commence de façon très banale : un couple navigue à bord d’une péniche. Au cours d’une discussion, il est question d’un match de foot. Le mari, une flaque d’eau douée de parole, voudrait voir un match en vrai et aller au stade, l’antenne télé du bateau étant hors d’usage. Sa femme refuse d’abord, puis finit par accepter d’aller au match le lendemain. Mais il doit d’abord terminer ses raviolis. Plus loin, un ado-cascadeur s’amuse à faire des galipettes sur des arbres, des cabrioles à bord d’un train et des cascades avec tout ce qu’il trouve. Suicidaire et pas franchement doué, cet amateur s’en fout, il est là pour tromper l’ennui et narguer l’existence. Les trois protagonistes, après sauvetages, courses-poursuites et fuite, finiront ensemble, chemin faisant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sacha Goerg, qui vient de réaliser le virtuose et remarqué La fille de l’eau chez Dargaud, livre ici un récit aussi court qu'étrange, à mi-chemin entre la farce sans conséquence, la chronique sociale et la fantasmagorie enlevée, montrant des personnages aussi excentriques que maladroits, dans des situations le plus souvent cocasses ou absurdes. Pensez-vous : une flaque douée de parole qui veut aller voir un match de foot, en couple avec une jolie femme androgyne, un robot Barbidur qui vend des glaces et un petit cascadeur au visage inquiétant et carnassier, assez branquignole sur les bords, qui saute, court, tombe, se noie et finit les pieds sur terre ! Renversant... mais cohérent, à l’image de ce livret vif et surprenant. L’auteur joue ici la carte des contraires, la lenteur au fil de l’eau face au cascadeur surexcité, l’ennui face à l’agitation, l’humain face à des doubles fantomatiques, insufflant ainsi rythme et fluidité à ce récit d’une vingtaine de pages. Côté graphisme, Goerg travaille à l’aquarelle en couleurs directes, le plus souvent en un gaufrier de 6 cases sans contours sur fond blanc, donnant une impression de légèreté éthérée oscillant entre réel et chimère. Encore une fois, une histoire improbable, à la fois poétique et barrée, délicieusement grotesque et subtile, à mettre au crédit de l’inventive collection Vingt-Quatre de l’Employé du Moi. Let’s stunt !