L'histoire :
Ana Maria Avilla : « Anita », est une jeune femme en recherche de sens. Sculptrice d'art moderne, elle ne croit plus en elle et consulte une psy : la docteure S. Sharifi, praticienne un peu zarbi, qui préfère se relaxer en méthode ASMR que vraiment s'intéresser à ses patients. Elle est d'ailleurs mandatée par la société dont fait partie Sandra, trentenaire passant du temps sur son poste de travail à réaliser les montages de ses vidéos « Morning routine » qu'elle poste en ligne. Cette dernière est aussi un peu trop familière avec Manuel, autre employé de la boîte, sur lequel elle phantasme, mais qui n'apprécie que peu ses avances rentre-dedans. D'ailleurs, Sandra va vite virer sa cuti, toute déboussolée qu'elle est face au peu de retours positifs de son réseau. Rex, quant à lui, est programmateur et il est venu postuler chez Agileal, cette même boîte bien déjantée, qui va réussir à l'exploiter avant son essai, puis le laisser sur le carreau. Lui aussi va consulter le docteur Sharifi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le monde de Aisha Franz, même s'il est traité dans un style graphique « gros nez », prêtant à rire, ressemble énormément au notre : speed, dur, moqueur, dangereux, égoïste, exigeant. On rajoutera même « incroyable », voire « sans queue ni tête », à l'exemple de la société Agileal, et sa politique Shoeless, sensée amener du bien-être à ses clients et salariés. Alors que Sandra, par exemple, coincée dans une position – telle que définie par elle-même « un peu floue et semi administrative de Graduate Database Strategiste » – perd les pédales. D'ailleurs, aucun des patients du docteur ne sera aidé par lui, sachant sans doute pertinemment, de son côté, que les causes sont perdues. Seule Anita saura profiter de l'art pour un début de reconstruction. Un message clair et sans appel de l'autrice, dont on comprend ce qui a guidé le scénario de cette Reality-fiction. Les réseaux sociaux et le DarkWeb sont aussi convoqués dans le récit, et là encore, la critique est équilibrée, offrant une belle conclusion au récit. On apprécie justement l'autre équilibre, entre dessins rigolos, très typés scène underground - néanmoins tout à fait au service d'une narration efficace - et tonalité dramatique, mais aussi l'immersion dans ces différents milieux du travail, et les pleines pages inter chapitres dessinées au crayon de couleur. Finalement, Work-Life Balance prend tout son (double) sens, Aisha Franz ayant réussi à bien rendre cette dualité de notre société (ultra) moderne (solitude). La vraie psychologue, c'est elle !