L'histoire :
Au début du XVIIIème siècle, William Cormac, avocat à Cork (Irlande), trompe désormais quotidiennement son épouse avec sa cuisinière, Peg. C’est facile, il a le champ libre, car madame Cormac passe son temps dans sa maison de campagne. Mais leur servante dénonce cet adultère et Mme Cormac revient faire un passage éclair pour virer Peg. Cette situation plonge William dans une tristesse infinie. Quelques semaines plus tard, il embauche un jeune apprenti prénommé Andrew, qui se présente à sa porte, soi-disant fils d’un lointain cousin. William s’occupe dès lors de son éducation avec bienveillance et application. Cela alerte de nouveau la servante, qui comprend qu’Andrew est le fruit des amours de Peg et William. Mme Cormac revient donc une nouvelle fois pour remettre les points sur les i à son époux. Cette fois, William ne se laisse pas faire et il chasse sa femme et la servante. Peg peut ainsi revenir habiter « en famille », avec son homme bien-aimé et… sa fille. Car Andrew se prénomme en réalité Anne. Mais quelques semaines plus tard, la vengeance de l’épouse répudiée a fait son œuvre : William n’a plus aucun client. Il décide de vendre tous ses biens à Cork et d’aller s’installer avec sa petite famille sur le Nouveau Monde. Quelques années plus tard, Anne a bien grandi et elle a un fieffé caractère de cochon. Peg, quant à elle, est bien malade…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette biographie de la pirate Anne Bonny est brodée autour de sa légende, étant donné qu’aucune source fiable ne peut affirmer l’authenticité de sa destinée. La matière principal qui inspire Matteo Mastragostino pour cette aventure provient de L'Histoire générale des plus fameux pirates de Daniel Defoe. Le scénariste présente bien Anne Bonnie comme une fille travestie en homme dès son plus jeune âge, et avec un sacré sale caractère. Ce qui est a priori également vrai, c’est son enfance irlandaise, sa génitrice illégitime (la domestique), la migration familiale vers le Nouveau Monde, son mariage avec un pirate de petite envergure (James Bonny), son compagnonnage avec Pierre Bousquet, puis Jack Calico Rackham et Mary Read, son arrestation et son emprisonnement. En revanche, Mastragostino lui invente bien plus de droiture que la bougresse ne semble en avoir réellement eu, tout comme une sortie de prison romantique à souhait. Il n’évoque pas non plus les probables relations homosexuelles avec Mary Read, le comportement transgenre alternatif et les actes de sauvagerie gratuite. Au-delà de la véracité, cette aventure est admirablement narrée, dans la longueur (136 planches !), et elle séduira totalement les amateurs d’aventures et d’embruns. Le dessin d’Alessandro Ranghiasci montre certes un trait de finition un peu rugueux et disgracieux, il se révèle néanmoins impeccablement composé, cadré et les séquences sont découpées avec un joli savoir-faire. Dommage que la planche 110 ait été oubliée au profit de la 114 doublonnée, obligeant l’éditeur à l’insertion d’un repentir en bristol.