L'histoire :
Ce jour, Justine déménage. La jeune femme blonde et un peu ronde vient de la capitale et, comme elle ne connaît personne, elle trime toute seule ! Dans la ville provinciale où elle a atterri suite à une mutation professionnelle – elle va bosser à l’hôpital du coin – elle a choisi un immeuble pimpant, très bien sur lui. On ne pourrait en dire autant de celui d’en face : un vrai squat. C’est pourtant là que crèche Mélusine, la donc voisine (très sexe) de Justine, qui est venue lui donner un coup de main. Heureuse de recevoir de l’aide, Justine prend ensuite vite peur au tableau déplorable que lui dresse Mélusine du voisinage. Des drogués, des pervers, des asociaux, etc. De fait, après peu de temps, il est évident que le regard que porte ces deux jeunes femmes sur le monde est tout différent. Simplement à l’opposé : Justine l’ingénue et Mélusine la cynique. Justine s’est vite rendu compte que sa voisine aimait « torturer » son entourage. Toute de noire vêtue, piercings et tatouages, Mélusine est rebelle de tout son être. Elle aime se travestir et vie en marge de ce qu’elle appelle la « normalité » (…). Un soir qu’elles dînent ensemble – les deux jeunes femmes s’invitent à tour de rôle – Mélusine reçoit un coup de fil. C’est le « boulot ». Un certain Baron la demande d’urgence afin d’enregistrer une de ses petites soirées très privées. Il souhaite aussi qu’elle lève un de ses lièvres égaré. Le bonhomme, évincé dernièrement pour comportement trop voyant, menace d’éventer son petit secret : il est urgent d’y remédier une fois pour toute…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Son dernier ouvrage Hautes œuvres retenu parmi les 50 bandes dessinées de l’année écoulée par la critique de l’ACBD, Simon Hureau est sans doute, à 30 ans passés, un auteur comblé. Le succès venu, il est resté le même : entier et vrai. Avec Aspic voisine, sous le pseudonyme de Monsieur H., il signe un titre en appendice au très remarqué Tout doit disparaître, hors des sentiers battus et affranchi de toute censure. On y retrouve en effet la délicieuse Mélusine, plus rebelle et iconoclaste que jamais ! Un couple improbable se forme lorsqu’elle se lie avec la sage et coincée Justine, son contraire (et complémentaire). De leur rencontre – et cependant essentiellement du personnage de Mélusine – naît le sel de l’intrigue… Lorsqu’il ouvre une bande dessinée signée Hureau, le lecteur ne sait jamais ce qui l’attend, où cela peut – et va – dérailler (…). L’inconnu, l’incongru, le meilleur comme le pire est souvent au tournant de la page. Planche après planche, derrière un style faussement rétro et enfantin, Hureau plonge son lecteur dans une histoire sans repère ni morale, simplement jouissive ! Sexe, cannibalisme, perversion et transgressions se succèdent comme si de rien n’était, ou presque. Au final, en y regardant, on se sentirait presque coupable d’avoir aimé ! Le titre est à réserver à un public averti – il est d’ailleurs vendu sous film – et dérangera (choquera ?) beaucoup, mais tel était sans doute l’un de ses propos. Aux éditions de la Boîte à bulle, Hureau ne touchera pas le même public qu’il le fait chez Delcourt par exemple, même si on lui souhaite le plus large possible. Avis aux amateurs.