L'histoire :
Luxembourg-ville, locaux de PricewaterhouseCoopers, mercredi 13 octobre 2010. Antoine Deltour prend l'ascenseur et confirme à ses collègues que son préavis se termine demain. Il leur annonce qu'il va passer des concours administratifs. Il n'a plus aucun dossier à gérer et se renseigne sur les formations sur le serveur central. Il tombe sur un dossier intitulé « ATA », accessible à tous. En l'ouvrant, il découvre une succession de tax rulings complets, démontrant tout un système d'évasion fiscale à grande échelle. Une fois chez lui, il étudie de plus près la question et met à jour le système d'emprunts bidons entre filiales pour faire remonter des bénéfices au Luxembourg. Et à l'arrivée, le cabinet PricewaterhouseCoopers suggère que l'assiette fiscale soit réduite à hauteur de 0,016% de bénéfices. Dans les dossiers, il retrouve des banques, des groupes énergétiques, des laboratoires pharmaceutiques, des géants d'Internet... Il a de quoi faire péter une bombe internationale. Mais alors comment la déclencher ? Quatre ans plus tôt, École de management de Bordeaux, c'est la journée portes ouvertes aux entreprises. Antoine et ses copains se demandent quel cabinet d'audit ils vont bien pouvoir choisir pour leur stage... parmi le Big Four : Deloitte Touch Tohmatsu ? Ernst & Young ? KPMG ? PWC ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La préface d'Élise Lucet (journaliste-vedette d'Envoyé Spécial et de Cash Investigation sur France 2, qui a révélé notamment le scandale des Panama Papers), nous plonge tout de suite dans le bain. On ne s'attend pas à une histoire tiède ou mièvre en ouvrant Fronde fiscale. Il va y avoir du lourd, du très lourd ! Tout part d'un évènement anodin : la recherche d'une formation sur un serveur informatique... et il tombe sur une véritable bombe : Les Lux Leaks. Entre son sens moral et le secret professionnel bancaire, cet homme va devoir choisir, pour ne pas se sentir complice de ce système. Pas à pas, Ferenc explore la psychologie d'Antoine qui vient d'un milieu où l'honnêteté est de mise. La découverte du pot aux roses lui pose un sérieux cas de conscience. Dans un premier temps, il ne s'attend pas à en payer les pots cassés. Après tout, la morale est saine et sauve. Sauf que la machine judiciaire se met en route... La scénariste pose les éléments de la procédure, du procès en première instance à la Cour de Cassation, en passant par l'appel, en expliquant les rouages du système, l'affaire avec un phrasé accessible... Pas facile, avec le jargon bancaire qui regorge de secrets lexicaux. Sans en faire trop, juste ce qu'il faut, le dessin de Léandre Ackermann est plutôt vivant et s'intègre parfaitement dans cette histoire de fraude fiscale puissance 10. En refermant l'album, on se dit que la cupidité est la chose du monde la mieux partagée.