L'histoire :
Deux lords de la très haute société victorienne, Sir Clifford Barnes et Lord Henry MacDale, se sont lancé un pari : retrouver la recette de biscuits typiques, les « black shortbreads » que Moïra Rutherford, duchesse de Montrose, a emportée dans sa tombe. Clifford Barnes commissionne sa fille Alice, un vrai « serpent » dit-on, pour remporter cette épreuve, tandis que H. McDale engage le meilleur counseller de Londres en activité, Victor Neville. Ce dernier est donc envoyé en Ecosse, à Montrose Castle. Sa mission : mettre la main sur la recette des succulents « black shortbreads », source de maintes convoitises. Face à lui, donc, la jeune et jolie (mais froide et fourbe) Alice Barnes, sœur de Percy Neville. Ce dernier a été mandaté par Sir Barnes pour prêter main-forte à sa fille. Les deux frères vont donc se retrouver dans un château et s'affronter à Montrose Castle, chez Gawain Gillean Rutherford, dernier duc en titre. Leur père, Lawrence Neville, fut employé dans ce château. Considéré comme un counseller de génie, il chercha en vain cette fameuse recette avant de mourir dans d’étranges circonstances… Or, dit-on, Neville père était à la fois un cuisinier virtuose et un espion patenté...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après deux tomes déjà salués, Nancy Pena revient avec ses félins préférés dans un récit à mi-chemin entre polar familial et conte fantastique, le tout dans un contexte victorien porté par un style original, mêlant gravure ou estampes. Dans cette ambiance faussement légère, on y perçoit de nombreuses influences : l'Orient, Sambre et les romans victoriens façon Emily Brontë. Techniquement, tout est précis et minutieusement travaillé : dialogues justes, découpages efficaces, sens du détail, récit fluide. Élégant et fantaisiste, procédant par petites touches, le trait libre en noir et blanc de Pena, parfois teinté de rouge sang, ne s'interdit jamais quelques échappées symboliques en forme de fable morale... Où le chat, d'ailleurs, rappelons-le, à la fois sournois et doux, est au Japon un animal de mauvais augure capable, si l'on en croit la légende, de tuer les femmes et d'en revêtir la forme. Mais on n'en dira guère plus... D'une belle densité, graphiquement réussi, le one-shot remplit habilement le contrat : nous faire voyager dans des territoires mystérieux chargés d'histoires familiales brumeuses. L'intérêt est constant, même si le scénario, qui creuse le passé de quelques personnages, demeure assez prévisible (trahisons, amour et faux-semblants...). Un autre regret : l'ensemble est très référencé, presque trop. Si bien que l'esthétique proposée vient par moments étouffer l'imaginaire de l'auteure. D'où un syncrétisme original, mais pas vraiment incarné. Solide et dosé, autant dans la construction que le coup de crayon, It is not a piece of cake décline un univers frais et composite (son véritable atout) pour une lecture finalement plaisante.