L'histoire :
Fred Leclerc travaille dans la pub depuis 25 ans, maintenant. Une longue durée, presque la limite d’âge moyen dans ce genre de métier. Cependant, tout se passe bien, l’ambiance est cool et on est plutôt bien payé. En 2020, la boîte coule et Fred est licencié. Comme un problème n’arrive jamais seul, une immense épidémie envahit le monde : le COVID 19. A l’instar de nombreuses personnes qui ont besoin de changement, le confinement lui a permis de réfléchir et il le sait désormais. Il a besoin d’une nouvelle vie. Mais laquelle ? En octobre 2020, il a une illumination : l’assassinat horrible de Samuel Paty. A travers cet exemple atroce, il sent qu’il a un devoir en lui. Travailler dans l’enseignement donnerait un but à sa vie. Par hasard, son choix va définitivement se confirmer. En croisant une amie institutrice, il apprend que quelques écoles primaires à Paris recrutent des professeurs d’arts plastiques. Mais les places sont chères car peu nombreuses. Pire : le concours a lieu dans deux mois ! Fred se dépêche pour envoyer tous les documents nécessaires pour participer au concours. Il a rendez-vous dans un immense hangar de Rungis : 300 candidats sont installés et seulement 18 seront reçus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une autobiographie sur le métier d’enseignant ? Un concept intéressant que choisit de raconter Fred Leclerc. Le désormais auteur de bandes dessinées raconte sa courte expérience de professeur d’arts plastiques en école primaire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cela fait froid dans le dos. Il raconte avec beaucoup de détails ces quelques mois passés devant les élèves. Leclerc n’oublie aucun thème, du début avec le concours, jusqu’aux adieux déchirants avec les élèves. A travers les détails de sa vie, c’est l’Education Nationale qui est passée au peigne, ou stylo, fin. Les multiples sigles de ce microcosme, les expressions de banlieue, les salaires des AESH, la bienveillance des collègues, l’importance sociologique de la famille… Tous les sujets sont abordés, l’air d’y rien toucher. Chaque scène où Leclerc tente d’enseigner est parfaitement juste. Les introspections, les doutes et les états d’âme montrent également la difficulté intrinsèque du métier, en particulier pour ceux qui débutent. L’humour et la vivacité d’esprit qui apparaissent de temps en temps ne changent rien : le constat est terrible et amer. Plus efficace qu’une grève prolongée, cette autobiographie est un véritable brûlot qui montre à quel point l’enseignement se heurte à des difficultés de plus en plus insurmontables. A ce titre, le dernier chapitre dresse un tableau noir, des plus déprimants. Malgré tout, l’humanité qui se dégage dans ce portait de vie, le fait que l’on s’attache très vite aux petits monstres et les dessins plein de fraîcheur et d’humour, atténuent la violence du propos. Une très belle autobiographie et une photographie d’un métier… loin d’un album à la noix.