L'histoire :
En 1978, le réalisateur de cinéma coréen Shin Sang-Ok atterrit à Hong-Kong. Il s’est mis à la recherche de son ex-femme, l’actrice Choi Eun-Hee, qui a… disparu ! Une fois sur place, son ami Ringo lui communique un état de son enquête : nada. Personne ne sait où elle est passée. En compagnie de Ringo, Shin se rend aux studios Shaw Brothers, où on tourne un énième film de kung-fu. Le succès de Bruce Lee a fait des émules…Il tente de retracer le parcours de Eun-Hee sur des dernières heures mais sa piste se perd totalement à Hong Kong. Le lendemain, ils vont sur un autre lieu de tournage, puis interrogent les chefs de triades… toujours rien. Sang-Ok est finalement convoqué par un commissaire de police, qui a eu vent de cette disparition et le suspecte d’être impliqué. Il repart libre, sur un troisième lieu de tournage. C’est au retour de celui-ci, que sa voiture tombe dans un guet-apens. Une voiture en travers d’une route de campagne, des hommes en descendent et lui injectent une piqûre d’un puissant somnifère. Quand il se réveille, il est alité dans une prison dorée de Corée du Nord. Il passe quelques semaines drogué de force et alité, avant enfin de rencontrer un commissaire politique qui lui propose de se mettre au service de l’idéologie communiste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ceci est une histoire globalement vraie. Le réalisateur coréen Shin Sang-Ok et son ex-épouse l’actrice Choi Eun-Hee ont été enlevés par le régime Nord-Coréen en 1978, et instrumentalisés pendant plusieurs années. Officiellement, la Corée du Nord souhaitait alors « dynamiser son cinéma »… En l’occurrence, Kim Jung-il avait surtout conscience, à la fois de la médiocrité de sa propagande politique sur écrans et de la puissance du soft power que représentait le cinéma hongkongais de l’époque – une veine ouverte par Bruce Lee et ses films de kung-fu. Le scénariste Fabien Tillon met en scène cette affaire façon thriller, avec une montée en tension, dessinée dans un registre encré, stylisé et très coloré par Frewé. La narration se découpe en quatre chapitres chronologiques et se conclut par un dossier spécial sur le cinéma asiatique des années 70. La dimension politique est explicite et intéressante, notamment lors des rencontre du couple avec un Kim Jung-il authentiquement cinéphile et étonnamment éclairé. Le dragon de mousse dont il est question dans le titre est un costume de Kaijû, pour un film façon Godzilla (amateurs de pop-culture asiatique, intéressez-vous à Pulgasari !)