L'histoire :
Au retour d'un voyage sur le site de Tchernobyl, théâtre d'une catastrophe nucléaire sans précédent en 1986, Emmanuel Lepage et Gildas Chasseboeuf ont voulu témoigner et créer une exposition pour l'association Les Enfants de Tchernobyl. Ils se retrouvent à Volodarka, à 20 km de la « zone interdite » et à 40 de la centrale, 22 ans après. Les deux dessinateurs explorent les lieux et tentent de croquer personnages et ambiance, histoire de voir ce qu'il en est resté : des terres invisiblement irradiées, un monstre industriel et ses réacteurs, des villes fantômes comme Pripiat, noires et esseulées, et ceux qui y habitent comme Natacha, Viera, Ludmila, Victoir ou Vassia, qui évoquent « de mauvais souvenirs » ou, avec humour, les conséquences de la catastrophe : « La Vodka, c'est pour me protéger. Elle me lave à l'intérieur. J'ai plus d'alcool dans mon corps que de sang ». Plus tard, la vie reprendra pourtant ses droits sur la nature... Oscillant entre couleurs noires ou crépusculaires et paysages post-apocalyptiques, un état des lieux graphique et artistique sur l'une des pires catastrophes industrielles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du 25 avril au 12 mai 2008, les deux auteurs ont effectué un voyage en Ukraine, à Tchernobyl, lieu tristement ancré dans les mémoires suite à la catastrophe nucléaire d'avril 1986. L'occasion pour eux de saisir l'ambiance du moment à travers des aquarelles grises ou poétiques, noires ou lumineuses, sous le patronage de l'ex-URSS, la catastrophe sonnant comme le miroir édifiant d'un système inefficace, sclérosé et voué à disparaître. Des villes fantômes, un immeuble abandonné à Pripiat, vestige et ruine d'une Union disparue, l'ombre de Tchernobyl façonne des paysages désolés, parfois théâtres d'une renaissance végétale ou minérale malgré un sous-sol et un air irradiés, la vie « normale » reprenant alors le dessus. Paysages, dessins en « zone interdite », témoignages tentent de dessiner les contours de l'une des plus grandes catastrophes de la fin du XXème siècle. Cette réédition (ouvrage épuisé, d'abord publié en 2008 par l'association Les Dessin'acteurs de bandes destinées) se révèle donc un complément idéal à la BD sortie en parallèle, Un Printemps à Tchernobyl. Un regard artistique sur un lieu sinistré et les conséquences d'une catastrophe, en forme de carnet de voyage pédagogique.