L'histoire :
A bien observer, qui singe qui ? Le primate qui, devant un public enchanté, entame sur la piste du cirque un tour de vélo, ou bien le trapéziste qui s’envole sous le chapiteau en un périlleux saut ? A bien y réfléchir le singe est pour l’homme une perpétuelle source d’étonnement : on est surpris qu’il sache faire tant de choses qu’on ne peut pas et tout aussi étonné qu’il soit capable de réaliser nombre de tâches tout aussi naturellement que nous. Qu’est ce qui, d’ailleurs, nous différencie vraiment ? La taille du cerveau ? Plus petit pour lui, sûrement pour penser plus vite. Le nombre de poils ? Plus important chez le singe, certainement pour aider l’Homme à imaginer qu’il n’est plus un animal… Et pourtant, tentez cette petite expérience : laissez un joyeux singe enfermé dans votre appartement, vous n’aurez aucune peine à imaginer de ce qu’il adviendra de vos meubles, téléviseur, bibelots… Pour autant, confiez les clefs d’un bulldozer à l’un de vos contemporains, inventez lui quelques projets immobiliers ou quelques autoroutes en territoire gorilles, bonobos ou chimpanzés : imaginez là aussi ce qu’il en adviendra…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joliment servi, par les éditions de La Boite à Bulles, avec sa couverture cartonnée toilée et son format à l’italienne, ce petit ouvrage, vite avalé, est une sympathique comparaison entre comportements primate et humain. Les deux frangins voudraient nous faire admettre l’extrême proximité de nos deux espèces qu’ils ne s’y prendraient pas mieux. En tous cas, quelque soit l’importance de notre adhésion à leur démonstration, reconnaissons qu’elle est plutôt joliment dispensée : plus souvent savoureuse, de par sa portée psycho-philosophique, que du fait de sa puissance humoristique, mais toujours intelligente et assez courte pour encourager notre propre réflexion. Un atout incontestable qui a le mérite, au final, de nous laisser imaginer que nous ne sommes peut-être pas aussi supérieur que nous le pensons à longueur de temps. Comme ils l’avaient déjà fait pour les manchots dans L’Empereur nous fait marcher, l’album est construit en séquences de 2 dessins sans phylactère, chacun illustrant le début et la fin de l’assertion qui sert la démonstration. On retrouve, là encore dans cette manière de faire, un petit quelque chose de Gelück quand il nous amuse avec son Chat (certes avec moins de brio, le matou parvenant à varier plus souvent ses effets). Le graphisme, quant à lui, se laisse allégrement goûter. Et s’il ne joue ni le détail, ni la fioriture, il renforce parfaitement le propos.