L'histoire :
Serait-ce la crise de la trentaine, sorte de premier petit bilan de vie, qui fait peur à Lisa ? Vendeuse de livres en CDD, enchainant aussi les jobs alimentaires, Lisa vivote dans ce modeste confort en profitant de son temps libre et du chômage. Elle n’est pas encore prête à renoncer à sa liberté et à s’embourgeoiser. Sauf que cette vie commence à l’angoisser. Crise de la trentaine oblige, la jeune femme s’interroge : le moment est-il venu de grandir un peu ? C’est qu’elle aspire à un peu plus de sécurité, avec des revenus plus réguliers et l’envie de se réaliser pleinement en trouvant le juste équilibre. Avec les hommes en plus, les choses semblent s’améliorer. Il se pourrait bien que Paul soit le bon ! Mais une fois la décision prise de changer de vie, encore faut-il savoir s’orienter. Et là, c’est un calvaire : avec seulement un diplôme de Lettres Classiques en poche, seuls les métiers de l’écriture pourraient l’intéresser. Oui mais voilà, le domaine est peu porteur. Quant à Pôle Emploi, face à ce parcours atypique, les agents sont incapables de la conseiller, sans oublier les interminables délais liés à la lourdeur administrative. Après moult atermoiements, Lisa a enfin trouvé un job : attachée de presse. Rêve ou cauchemar ? Lisa va affronter la réalité et devoir se fondre dans le moule des conventions. Oui, mais le veut-elle seulement ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ma vie d’adulte semble faire écho au parcours erratique de son auteure, Isabelle Bauthian : docteur en biologie, journaliste, comédienne, elle semble avoir trouvé sa voie en devenant scénariste de BD. Bauthian y a sans doute mis une bonne partie d’elle-même, dans ce récit ancré dans la réalité sociale la plus prosaïque, entre vie privée et vie professionnelle, dans un bureau ou une chambre d'appartement. C’est donc l’histoire d’une jeune femme en quête d’elle-même, à la recherche de ses véritables envies et refusant les convenances. Seul le jeu des conventions sociales la révèlera à elle-même, à l'instar de sa romance naissante avec Paul. Pour mieux se comprendre elle-même, il lui faudra aussi se confronter à la réalité du monde du travail, au temps normé et balisé, aux autres employées rattrapées par l’embourgeoisement. Il lui faudra aussi éviter l’effrayant métro-boulo-dodo auquel, de toute façon, on n’échappe guère. Sans complaisance et avec assez de lucidité, Bauthian analyse les comportements de ceux qui refusent de grandir parce qu’inadaptés au réel ou ados attardés, idéalistes impénitents ou utopistes hors du temps, toujours en décalage avec les codes et les normes. A un moment, il faut choisir : mimer le jeu social et entrer dans un moule ou alors le dépasser pour inventer sa propre vie. Le dessin de Michel-Yves Schmitt, dont le style semi-réaliste va à l’essentiel pour décrire les rencontres, les questionnements et les crises de pleurs, est d'ailleurs bien mis en valeur par la douce colorisation de Virginie Blancher. Alors oui, si l’histoire n’est pas d’une originalité folle, elle respire néanmoins la sincérité et se lit finalement sans déplaisir. Un résultat tout à fait honnête.