L'histoire :
En mars 2004, le journaliste Pierre Daum, correspondant du journal Libération, se rend à l’usine Lustucru d’Arles, menacée de fermeture définitive et bloquée depuis une semaine, afin d’écrire un papier. Il tient un sujet intéressant pour le journal, un conflit social avec de méchants patrons et des ouvriers maltraités. Une fois sur place, il visite l’usine et découvre les nombreux produits conditionnés, comme les coquillettes et le riz de Camargue. Il profite de l’occasion pour rencontrer des producteurs de riz afin de les interroger sur les conséquences pour eux de la fermeture de l’usine. Au mas d’un producteur, il découvre un musée consacré à la façon dont le riz est cultivé ici. Il tombe alors sur une photo de 1942 qui montre des paysans indochinois en train de planter le riz. Curieux de cette découverte, il demande des explications au gérant. Il apprend ainsi que la photo a été donnée par un indochinois furieux de voir que le musée ne parlait pas d’eux. Le reporter Daum récupère les coordonnées de Lê Huu Tho afin de le rencontrer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Clément Baloup poursuit ses mémoires de Viet-Kieu et aborde cette fois le thème des Linh Tho, ces immigrés de force du Viet-Nam. Il collabore avec le journaliste Pierre Daum en racontant son propre récit sur la façon dont il a découvert les travailleurs indochinois enrôlés de force et conduits en France durant la Seconde Guerre Mondiale. On suit donc ici pas à pas l’enquête menée par le journaliste au travers de nombreux personnages, un fil conducteur menant in fine à la redécouverte de ce fait historique. C’est toute une galerie de portraits des derniers survivants de cette épopée que dévoile le récit, un recensement utile qui va permettre d’écrire un livre et de remettre à la lumière ces travailleurs de l’ombre. Des travailleurs qui, avant tout, ont apporté le savoir-faire aux producteurs de riz de Camargue. Baloup utilise son style habituel, un dessin réaliste très coloré, réalisé à la peinture. Les mises en scènes sont nombreuses mais manquent parfois de fluidité. L’originalité graphique est néanmoins là, les couleurs finalisent le rendu nécessaire et appuient le récit comme il se doit. Un récit plein de réalisme et d’authenticité, qui permet de mettre en lumière un moment d’Histoire de France.