L'histoire :
Phnom Penh : Depuis les années 50, les grandes métropoles asiatiques se sont développées de façon exponentielle. Phnom Penh était jusqu'à peu de temps l'exception, à cause de l'histoire tragique du Cambodge et de ses Khmers Rouges, de 1970 à 1990. Simon, un français qui travaille à la médiathèque de l'institut français de Phnom Penh se dit, un jour, qu'il faudrait faire bosser un dessinateur de BD sur un sujet comme l'urbanisme de sa ville, parce que ça en jette, quand même. Nicolas Wild, un auteur-qui-va-bien, reçoit un jour un mail enthousiaste dudit Simon. Et Nicolas se dit qu'il a raison, Simon. Parce que trop de gens, y compris lui, ignorent ce qu'il se passe à Phnom Penh. C'est donc le torse bombé, gonflé par le goût du défi et de la narration séquentielle, qu'il répond positivement à cette sollicitation. Et tel un reporter-aventurier, il prend l'avion en direction du pays. « En avant Milou ! » Sauf qu'il n'a pas de chien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Année après année, ou plus exactement album après album, Nicolas Wild creuse son sillage façon « roule-ta-bille » autour du monde. Depuis 2007, avecKaboul Disco et son second tome en 2018, ainsi qu'un autre album qui fait écho à cette série (Kaboul Requiem, 2018), avec entre-temps un crochet par l'Iran (Ainsi se tut Zarathoustra, 2013), son lectorat prend rendez-vous, le temps qu'il pose ses bagages, croque les gens avec qui il vit sur place et... nous instruise de son témoignage. Car avec lui, c'est un bout d'authenticité qu'on récolte dans ses ouvrages. En auteur complet, il réussit le tour de force de nous immerger, comme si on partait à ses côtés, comme si c'était un pote sur qui on pouvait compter pour passer de bons et poignants moments. Il a l'art de traduire les vrais moments des vraies rencontres. N'allez pas vous imaginer (pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, les autres le savent déjà) qu'il se la joue professoral. Au contraire, ses tranches de vie immersives sont aux frontières de la BD reportage, même si cet album lorgne aussi du côté du carnet de voyages. Au passage, ce n'est pas pour rien qu'Arte l'a sollicité pour quelques périples. Ça donne aussi une idée du fond que ses récits véhiculent. Là aussi, on va être clair : pas de côté intello, le vrai « truc », la clé des lectures, c'est la transmission de ses expériences, et par-dessus tout un regard porté sur « la vie des autres », quel que soit le lieu visité. On vous invite donc à le rejoindre, avec les artistes de la région de Tchernobyl, dont bon nombre travaillaient à la centrale et qui ont choisi de créer pour témoigner. De même, vous ferez connaissance avec la vie nocturne de Beyrouth. Épargné du jet-lag (c'est bien pratique de ne tourner qu'une page), on se fera une idée plus précise de la vie (et la mort) des populations réfugiées dans un camp du Bouthan. Il y en aura aussi pour nos bidasses du 92 RI de Clermont-Ferrand... et plein d'autres étapes qui valent le détour. Bref, prenez le bouquin et le plaisir qui va avec de se cultiver et de retrouver ce qu'il y a d'Humanité sur le globe. Nicolas, tu ne serais pas et dessinateur et citoyen du monde ?