L'histoire :
Super ! En recyclant une seule canette en aluminium, on économise assez d’énergie pour faire fonctionner une télévision pendant 3 heures… Mais le recyclage de l’aluminium ça fait quoi ? C’est zéro problème ? Pourtant le recyclage c’est à la mode, tout comme le réchauffement climatique, le commerce responsable ou les gestes simples pour sauver la Terre. Changement d’ampoule, covoiturage, économie d’eau… sont donc censés sauver notre bonne vieille planète bleue. C’est à chacun de nous de faire des efforts, mais surtout pas aux industriels ou aux politiciens. Tiens, tant qu’on y est, pourquoi ne pas demander à un renard de devenir, une bonne fois pour toute, complètement végétarien : beaucoup plus écolo-durable que de manger des souris ! Du coup, à être aussi naïfs et à se laisser embobiner… Manquerait plus qu’une bande d’extraterrestres, voyant le processus d’autodestruction enclenché, n’ait l’envie de se taper un petit gueuleton chez nous : contre quelques lingots, il est certain qu’on leur délivrerait un permis de tout bouloter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cas où vous auriez décidé de rester sourd ou aveugle ces dernières années, histoire de faire comme si tout allait bien sur notre bonne vieille planète bleue… On est mal les copains ! Pire : on pensait laisser en héritage à notre descendance une Terre bien pourrie (on s’en fout un peu, on sera mort). Que nenni ! Le désastre, on risque de le sentir pleines narines d’ici peu. Bref, si vous vous voulez poursuivre votre exercice de conjugaison cécité-surdité, cet album n’est pas pour vous : ce duo d’auteurs militants américains propose d’en remettre une couche en quelques 220 planches de bande dessinée. L’angle choisi pour enfoncer le clou est de forcer la dose via un entrelacs ironique, absurde, burlesque ou décalé qui n’a pas d’autre objet que de nous faire comprendre qu’on nous prend vraiment pour des… En première ligne de mire, l’ultra capitalisme américain représenté par un clone de Georges W Bush et par un politicien roublard qui pourrait être Al Gore. Un libéralisme tous azimuts qui n’hésite pas à marchander notre planète pour toujours plus de profits. En second lieu, c’est l’écologie bobo qui est visée. Cette sorte de paravent présenté à grand renforts de communication censé nous faire croire qu’on peut, avec quelques gestes simples, tout changer (d’où le sous titre ironique de l’album : 50 gestes simples pour continuer à nier l’évidence). Bref, via une narration hachée qui propose de mettre en démonstration le propos à l’aide de divers protagonistes (2 fillettes ; un bobo-écolo ; des animaux ; un Président Américain ; des aliens venus acheter le droit de détruire la Terre…), le trait est volontairement et satiriquement grossi pour nous secouer un brin. Le hic, c’est que tout ça fonctionne à moitié. L’angle humoristique n’est, par exemple, pas assez efficace. L’enchainement des scènes dialoguées quasi-indigeste sur la longueur du pavé. Le dessin peu convaincant… Au final, on apprécie les velléités pamphlétaires du récit, mais on garde le goût amer d’une bonne leçon de morale et de catastrophisme.