L'histoire :
Il y a ces cauchemars affreux dans lesquels on abandonne celle qu’on aime, quitte à ce qu’elle y reste, pour sauver sa peau. On se lève alors, empli de culpabilité, en nourrissant pour le reste de la journée un sentiment honteux. Et puis en rentrant chez soi, après une journée de boulot, on découvre sur la table du salon un petit cadeau avec un bouquet : un petit truc en plastique sur lequel elle a fait pipi et qui veut dire qu’on va être papa… Il y aussi les clopes fumées à la fenêtre. Les instants nicotiniques où on laisse son regard aller au dessus des toits. Une rafale porte un morceau de tissu. Une écharpe qui s’enroule autour d’un mât : un fanion victorieux, une danse… un instant d’évasion réconfortant. Il y a aussi des rencontres. Une conseillère ANPE qui déclame que le job qu’on vise n’est pas dans nos cordes. Une qui crie bien fort qu’elle ne peut pas nous donner l’adresse de l’employeur. Sans doute une fée déguisée, en fait, qui nous écrit en douce toutes les coordonnées sur un morceau de papier… Il y a ainsi tous ces petits quelques choses qui, mis bout à bout, font du bien. Des moments uniques dans lesquels on aime se replonger…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a la première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules. Ces minutes insignifiantes hors du tumulte. Ces petits bonheurs noyés dans la masse et pourtant sur lesquels on s’attarde peu… A la manière de Philippe Delerme, Domas s’attarde sur quelques uns de ces instants. Les moments proposés ici, sont souvent taiseux. Il s’agit du hasard d’une rencontre, du jeu capricieux du vent, d’une nouvelle heureuse… Tous tapissent la bouche d’une infinie saveur et humanisent généreusement. Quelques saynètes d’1 à 8 planches, donc, livrées dans un désordre chronologique voulu et dans lesquelles Domas rêve, poétise, philosophe, observe, devient papa et se réjouit des (r)apports humains. C’est sans doute ce dernier aspect qui revient le plus souvent, preuve de l’importance, pour l’auteur, des rencontres qui ont balisé sa vie. On s’amusera, d’ailleurs, de découvrir que la saveur de ces moments uniques en rencontres, est intimement liée au jeu de séduction. Preuve, là aussi peut être, de son hyper-sensibilité au sentiment amoureux. On enviera alors l’auteur d’avoir su jeter sur le papier (et qui plus est en dessin) ces instantanés si précieux et de pouvoir ainsi s’y replonger indéfiniment. Au-delà, l’ensemble est avant tout un bel exercice de nostalgie qui comblera d’abord les plus sensibles d’entre nous. Le trait utilisé joue souvent l’épure, la finesse ou l’esquisse : parfait pour peaufiner le registre de l’émotion. A découvrir.