L'histoire :
Paris, octobre 2020. Fred marche dans les rues, au milieu des autres mais tout le monde baisse le nez. Tout le monde masqué, le deuxième confinement, justement, nous pend au nez. Une sirène d'ambulance... Ambiance de folie. A la télé, Macron dit « quoi qu'il en coûte »... Ça fera bientôt un an qu'il est au chômage, après avoir bossé 20 ans dans la pub, même si son projet, quand il était étudiant dans une école d'art, c'était de faire de la BD. Et puis, le 17 mars, quand tout le monde a été confiné, ça a été un choc : deux jours plus tard, il faisait une crise de panique. Le trauma arrive avec l'assassinat de Samuel Paty. Fred n'arrive plus à dormir... Heureusement, il y a Lou, sa fille de 14 ans. Il s'est séparé de sa mère mais ils s'entendent bien. D'ailleurs ils vivent à 200 mètres l'un de l'autre. Et Lou, depuis toute petite, veut un animal de compagnie. Après une tentative infructueuse avec un chat réputé hypoallergénique, le choix se porte sur un chien. Alors c'est un tour en animalerie, où il se fait embobiner et ressort avec une femelle Shiba, une race d'origine japonaise et plutôt sauvage, donc pas facile à éduquer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tiki, c'est un livre à tiroirs. Parce qu'il y a plein d'enseignements à en tirer. Celui qui fait la couverture, c'est bien entendu cette capacité pas évidente du tout à faire en sorte que la vie avec un chien puisse être paisible. On pourrait donc voir en Tiki un récit qui vient nous sensibiliser au fait que le confinement a généré une « demande de présence affectueuse » que des milliers de foyers ont reportée sur les chiens. Et qu'un chien n'étant pas un poisson rouge, bien des fois, ça ne se passe pas bien. L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais en réalité, elle va bien au-delà, puisque Fred Leclerc (appuyé au scénario par David Azencot) se dessine durant le crack psychologique qu'il a traversé. Une sale année, transformée en belle tranche de vie et qui accouche de la première BD de l'auteur, lui qui rêvait d'en faire une et qui, au bout de 20 ans de job dans la pub, s'était fait virer la veille de Noël. Le trait épuré et les couleurs de Lucie Firoud donnent à cette BD une « allure simple » et cela contraste avec les thèmes qu'elle aborde, qui sont assez durs et livrés sans aucune compassion. Et sans trop en faire, Fred Leclerc nous donne à voir sa personnalité et quelques clés de compréhension issues du travail avec un analyste, quand il décrit aussi sa culpabilité à n'avoir pas pu éduquer un chien, comme s'il avait en quelque sorte interdit le bonheur à sa fille. Une BD riche et touchante, idéale pour clôturer l'année en en faisant cadeau, par exemple...