L'histoire :
En été ou en hiver, en journée ou en soirée, la semaine ou le week-end… quel que soit le moment, il préfère toujours être seul chez lui. Tout ce qui se passe à l’extérieur, dans l’espace public, en société, au boulot, finit toujours par l’ennuyer. Or être seul, cela ne signifie pas forcément avoir de temps ou l’esprit libre pour être productif d’une manière ou d’une autre. Etre seul lui permet surtout de s’adonner à son plaisir coupable : la procrastination. C’en est même pathologique : alors qu’il passe un coup de balai, il fait des petits tas de poussière. Puis il pose son balai le temps d’aller chercher une petite pelle. Mais une fois dans la cuisine, il oublie ce qu’il est venu chercher… Or puisque désormais il se trouve là, il prend dans le frigo un saladier de trucs à grignoter. Puis il s’affale sur son lit pour se délasser en regardant la télé. Parmi les choses qu’il préfère, en numéro 1, il y a : son lit. Parfois, d’ailleurs, il se couche et s’endort en pleine journée… et il roupille pendant longtemps. Au réveil, il pense qu’il va avoir des tonnes d’appels en absence… Et puis en fait, non, rien. Rien de rien. Alors il déprime… sans rien faire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme son nom l’indique, ce Journal d’un solitaire relate le quotidien d’un personnage masculin – alter ego de l’auteur chilienne Catalina Bu – qui n’aime rien tant que rester seul chez lui. Il dort, il mange, il regarde la téloche, il procrastine, bref il ne fait pas grand-chose… Car ça n’est pas tant sa solitude qui est mis en exergue à travers ces scénettes du quotidien d’une page, que son immense capacité à glander en toutes circonstances. Notre personnage central sans nom souffre en effet d’une pathologie sévère qui mélange agoraphobie, hédonisme et fainéantise ultime, une phobie à toutes formes d’activités sociales, professionnelles et domestiques. Il cherche (et trouve) des prétextes lamentables – auprès de ses supérieurs mais aussi de lui-même – pour ne pas aller au boulot. Ses contacts avec les autres se limitent en général à l’approvisionnement régulier (et garni) des courses alimentaires. Le genre est donc celui de la chronique sociale simple, pas vraiment humoristique ; le dessin approximatif, minimaliste, en noir et blanc, affine ce registre au fanzinat. C’est gentiment délassant au début, puis les situations deviennent vite répétitives sans que le propos s’enrichisse pour autant. A la longue, un type qui glande seul chez lui, pendant 140 pages, c’est un peu ennuyant… Tiens, j’irais bien faire faire une petite sieste, moi.
