L'histoire :
Monsieur Bonjour est un lève-tôt. Il est gourmand aussi. Alors il aime acheter des gâteaux à la boulangerie de son quartier et les manger au jardin botanique, qui est aussi juste à côté. C'est son petit moment à lui. Il aime aussi faire ses courses à la boutique « Bonjour » et de temps en temps, aller au cinéma.
Monsieur Bonsoir travaille très tard. Comme il n'aime pas la pluie, il s'arrête un instant dans un café. Mais il manque de se faire écraser par une voiture alors qu'il traverse. On ne sait pas vraiment pourquoi, mais parfois il lui arrive de traverser le cimetière. Après quoi, il se rend alors à la boutique « Bonsoir », pour choisir les plats qu'il va emporter et les manger devant la télé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bonjour/Bonsoir est un album singulier, parce qu'il présente deux parties qui se répondent et sont symétriques. Ainsi, il faudra « renverser » le livre pour enchaîner l'histoire diurne avec celle nocturne. Ce qui particularise ces récits, c'est qu'ils ne contiennent que ces deux mots. Avec un trait fin qui figure une ville hyper géométrique (inspirée de Rotterdam où l'autrice a vécu), le dessin est donc le moyen exclusif de conter. Mais là où le bât blesse, c'est que le parcours linéaire de ces deux habitants (qui se croisent par ailleurs : qui de dire « Bonjour » et qui de lui répondre « Bonsoir ») se contente de soulever des questions importantes, mais sans pour autant transmettre beaucoup d'émotion. Oui, ces deux personnages déambulent au milieu d'une ville qui semble dépeuplée. Oui, leur quotidien paraît automatisé et tout cela renvoie aux relations sociales et au mode de vie urbain. On se montre courtois avec des inconnus, on croise quelques personnes, mais il ne se passe pas de rencontre. Et quand quelqu'un y est prêt, on est tellement enfermé dans ce mode de fonctionnement que l'on ne s'en rend même pas compte, qu'on ne capte même pas le regard tendre qui nous est adressé. Le quotidien semble se confondre avec la solitude. Voilà, le message est passé. Le hic, c'est que, le dessin n'incite absolument pas à la contemplation. L'album est lu en 10 à 15 minutes, puisqu'il est quasi muet et le procédé narratif tue finalement le discours. On en vient même à se demander si tout cela n'aurait pas tenu en quelques pages, une douzaine, plutôt que décliner le vide des vies de ces deux bonhommes en une cinquantaine.