L'histoire :
Tous les jours, Linda, une bourgeoise affectée, regarde son vidéoscope. Abonnée à un canal vidéo privé, elle passe ses journées seule au 25ème étage d'un immeuble. Il paraît que Linda adore surtout les directs, notamment celui de la pharmacienne Agathe. Mais un obsédé a trafiqué le téléphone intérieur de l'immeuble et il crie des insanités, comme un refrain entêtant : Linda est une s..., Linda est une s... Toute la journée, Linda regarde son vidéoscope et aime faire le chèque de son abonnement au canal privé, quand elle ne trouve pas, dans les yeux embués de Margot, comme une lueur métaphysique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
D'abord publiées en 1983 dans les pages de Pilote Mensuel, les saynètes de Philippe Bertrand retrouvent une seconde jeunesse avec cette réédition. L'auteur y déclinait les fantaisies sexuelles d'une petite bourgeoise artificielle et maniérée, proportionnelles à l'ennui ressenti dans cet appartement où elle vit seule. C'est érotique, c'est intello et c'est parfois très sibyllin en termes de narration. Oui, Linda aime regarder son vidéoscope, terreau fécond de son imaginaire sexuel sans fin. Visuellement, l'auteur s’inspirait du déconstructivisme russe, imposant des lignes cubistes, géométriques ou anguleuses, toujours délicates ou sensuelles, volontairement précieuses. Mais l'ensemble reste finalement assez froid dans son graphisme ou hermétique dans son message, malgré d'amusantes itérations narratives et une sympathique réflexion sur la société du paraître et son embourgeoisement. Si bien que 29 ans plus tard, c'est ce qui intrigue le plus, le résultat est à la fois très daté et étrangement avant-gardiste...