L'histoire :
Pour Pascal, la journée commence plutôt moyen : brève prise de tête avec la voisine du dessus, dont les pas résonnent de façon insupportable ; flaque d’eau et chaussure trouée ; dentiste qui trouve à sa mâchoire un défaut disgracieux et séance de shopping pour couronner le tout. Il y a bien ce courrier... Cette invitation à des retrouvailles entre anciens du secondaire. Un petit conventum entre copains, pour voir ce que chacun est devenu… Une occasion de faire la fête et de se vider la tête, ça ne se refuse pas, non ? Quoique Pascal, qui faisait partie du clan des gagnants il y a dix ans, a bien peur de ne plus pouvoir supporter la comparaison. Aussi décide t-il de perdre du poids. Trois mois de jogging intensif lui permettront, sans aucun doute, d’effacer les années. Peut être même de faire craquer Lucie Côté. Ce joli brin de fille, dont il était raide dingue à l’époque (mais qui semblait l’ignorer totalement) vient justement de le recontacter pour l’occasion. Régime et course à pieds font effectivement leur petit effet. Mais de nouveaux problèmes pointent le bout du nez. Il y a, en effet, d’abord, cette méchante verrue qui fait son apparition... et puis « sa blonde » qui veut absolument l’accompagner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour désigner une réunion d’anciens copains de promo (école supérieure, université, lycée, collège…), nos cousins canadiens ont l’habitude d’utiliser le terme conventum. Il s’agit donc pour Pascal Girard, dans un récit où il se met très largement en scène, d’utiliser cet événement particulier pour faire sonner l’heure douloureuse du bilan. Apparence physique à remodeler, réamorçage utopique d’un amour de jeunesse via la navigation web, peur de passer pour le roi des loosers et angoisses multiformes, servent de préparatifs à ces retrouvailles, dix ans après. La fête en elle-même ponctuera en apothéose cet angoissant retour sur soi-même, pour un constat doublement désolant : notre héros dessinateur est bien à ranger dans le camp des perdants (comme il l’a toujours été) et il suscite malgré tous les efforts (ceux de ses condisciples et les nôtres par ricochet) une brillante antipathie. C’est d’ailleurs ici que réside toute la valeur de l’ouvrage : la force de l’auteur à livrer de lui-même une image peu valorisante, avec beaucoup d’honnêteté. Pour le reste, l’exercice jadis publié chez Delcourt et aujourd'hui réédité par la Pastèque s’étire en longueur sans jamais parvenir à éveiller chez le lecteur un grand intérêt. Bref, parfois drôle ou bien vu, mais pas suffisamment pour une adhésion totale et enjouée.