L'histoire :
Bon d’accord, Pascal s’est fait largué. Mais tout va bien. Il suffit juste qu’il se le répète 3000 fois par jour et ça devrait passer. Et puis aussi qu’il garde une bonne hygiène de vie. En commençant, par exemple, à multiplier les séances d’entrainement pour pouvoir participer à un semi-marathon, voire à la totalité des 42 km. Mais courir, c’est parfois dangereux et Pascal en fait la douloureuse expérience en se blessant sérieusement au dos à la suite d’une chute. Et pour ne rien arranger, lorsqu’il rentre chez le couple d’amis qui l’héberge (et oui : plus de copine, plus d’appart’), il découvre une nouvelle livraison : les cartons fait par son ex avec de nombreux bouquins. Et puis, surtout, une grosse tête en papier mâché à l’effigie de celle qui a partagé sa vie pendant 9 ans. Bref, de quoi ne pas l’oublier de sitôt. Alors pour se changer les idées, mais aussi se remettre de la torture d’une séance de kiné, il va faire un tour dans une librairie. Une librairie dans laquelle il ne sait pas encore qu’il va rencontrer une curieuse voleuse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pascal Girard le fait si bien et en particulier avec un sens de l’autodérision si joliment affuté, qu’il aurait tort de s’en priver... Aussi après s’être largement mis en scène dans Conventum, il use de la même stratégie pour nous livrer une tranche de vie (réelle ou romancée ?). Largué par sa douce après 9 ans de bons et loyaux services, hébergé chez un couple d’amis avec jeune bambin, le voilà qui tente un nouveau départ à coup de footing, option préparation du marathon. Et pour tout arranger, son ex l’envahit de cartons de bouquins qu’il avait laissés dans l’ancien appartement, il se blesse en courant et décide d’abandonner son boulot d’auteur pour jouer les soudeurs sur de gros chantiers de construction. Enfin, il surprend dans une librairie une cleptomane en train de voler un bouquin. Mais attention, une jolie voleuse (qui se définira plus tard comme une Collectionneuse), qui a eu l’intelligence de voler un ouvrage dont notre ami est l’auteur. Nourri par la drôle de relation qui se noue (y’a plus simple pour entamer une love story que de faire admettre à quelqu’un qu’il est voleur…), l’expérience désastreuse de la nouvelle orientation professionnelle et les conseils du couple d’amis, le récit est bien plus drôle et dense qu’on aurait pu l’imaginer sous ses allures banal. Au final parfaitement optimiste, il explore impeccablement ces moments charnières de la vie dans lesquels on oscille entre inertie morbide et mouvement printanier. Avec ici en bonus pour fil rouge ce petit tempo de loose impeccable pour offrir son sel humoristique au récit. Au-delà, la mise en scène et les dialogues sont maîtrisés, le dessin efficace sans excès, pour une partition générale divertissante mais qui ne renouvelle pas le genre de la BD auto-fictionnelle.