L'histoire :
Âgé de 11 ans, Louis raconte sa vie de famille, quelque peu désastreuse. En effet, depuis que son père est devenu alcoolique, ce dernier passe le plus clair de ses journées à pleurer. Il se lève, boit tôt et beaucoup, se met au piano pour jouer un blues d'une tristesse infinie, pleure et s'endort. Le petit frère de Louis, Truffe, trouve tout un tas d'explications logiques et bienveillantes à cet état. Mais Louis sait que si son père se met dans de tels états, c'est parce que sa mère l'a quitté. Et si sa mère l'a quitté, c'est aussi parce qu'il se mettait dans ces états. Un cycle de tristesse infini et irrécupérable. Louis se souvient pourtant de la vie d'avant, lorsque la famille était soudée et aimante. Sa mère jardinait, faisait des gâteaux, pensait à distribuer de la limonade... Depuis un an et demi, elle habite dans un petit appartement gris, dont le balcon donne sur l'autoroute métropolitaine. Elle et son père se partagent logiquement la garde de Louis et de Truffe. Une situation qui la rend triste. Mais Louis arrive aussi à un âge où l'on a d'autres préoccupations. Son centre d'intérêt numéro un, c'est la jolie Billie. Une fille de son âge qui parle peu, lit beaucoup et qui est capable d'un courage dingue face aux gros costauds qui embêtent les petits. Le courage... Voilà ce qu’il manque gravement à Louis pour oser l'approcher et lui avouer ses sentiments. Alors il se confie à son copain Boris. Boris respecte sa timidité, tout en encourageant les gestes de Louis envers Billie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteures de Jane, le renard et moi réitèrent leur collaboration pour une seconde chronique sociale en one-shot, d'une grande sensibilité et à destination d'un très large public. À travers la narration en voix off du jeune Louis, 11 ans, Isabelle Arsenault et Fanny Britt relatent en effet une problématique double qui s'impose à l'âge charnière de ce jeune héros ordinaire : la douloureuse séparation de ses parents et son amour transi pour une copine. La question au centre du récit est celle du courage. Il en faut à son père pour surmonter son alcoolisme ; il en faut à sa mère pour organiser la situation peu enviable d'un second foyer monoparental ou pour tenter malgré tout de « recoller les morceaux ». Il en faut surtout à Louis, étant donné son âge, pour avouer la force de ses sentiments envers une fille idéalisée. Comment fait-on pour convoquer ce mythique courage, pour se l'insuffler, lorsqu'on en est dénué (par nature ou lâcheté ordinaire) ? Chapitre après chapitre, se construit ainsi la quête initiatique de ce pré-adolescent, une chronique débordant de poésie et de justesse psychologique, qui parlera autant aux 10-16 ans qu'aux adultes. Étant donné le dessin stylisé, le découpage aéré et affranchi de toute bordures de cases, les teintes dominées par un gris dominant, voire les textes nombreux, il va toutefois être difficile d'inciter les pré-ado à lire cette œuvre. Elle s'adresse néanmoins bien (aussi) à ce lectorat et se dévore littéralement, de limpide manière, sur une pente on ne peut plus positive.