L'histoire :
Les années 80. Simon est un jeune adolescent québécois qui vit confortablement avec ses parents. Sa mère est une vendeuse automobile très performante, mais qui n’arrive pas à la cheville de sa sœur Chantal… Simon adore Chantal, avec qui il a tissé une réelle complicité. Elle est jeune, blonde, libre, chante divinement Samantha Fox et possède un coupé turquoise. Elle est à ses yeux une véritable héroïne. Aussi, quand ses parents partent en voyage en Europe et que Chantal vient le garder, une nouvelle vie commence, faite de chips au bord de la piscine, de rigolades, de séries à la télévision et de chansons à tue-tête. Ils rêvent leur vie autour de la musique et des chorégraphies de leur nouveau groupe « les beautés fatales », pour le plus grand bonheur de Simon qui prend confiance en lui. Mais le livreur de pizza, beau comme David Hasselhoff, s’introduit dans leur univers et éloigne Chantal de Simon. Le pauvre se sent trahi. Sans le regard de Chantal, il redevient ce jeune garçon sans intérêt qui a encore besoin de ses parents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’entrée dans l’adolescence, les doutes et la construction de l’identité passent par l’identification à des figures emblématiques différentes de celles des parents. Ainsi, nous entrons dans l’intimité de ce jeune Simon qui semble parfois plus mature que sa tante Chantal qui le fait rêver. Le scénario de ce roman graphique semble simplissime, il y a peu d’action et c’est là toute la force de ce volume : parvenir à nous plonger dans un univers suranné au charme fou grâce au dessin d’Emilie Leduc, dont les crayonnés, parfois naïfs et enfantins, voisinent avec des lavis légers (ou estompes de fusain ?) tantôt pastel tantôt de couleurs vives très pop lorsqu’il s’agit du rouge à lèvres de Chantal. Les dialogues et expressions mâtinés d’accent québécois font mouche et sont souvent poétiques « ma tante sort de son char mode dans son aura flamboyante de peroxyde et de spray-net ». L’ensemble est touchant, régressif, vous ramenant aussi vers vos propres vieux rêves, une empreinte mélancolique « Touch me, touch me now ».