L'histoire :
Par ses pleurs, la petite Lucie, 8 mois, réveille sa maman Rebecca en pleine nuit. Après l’avoir allaitée, par la fenêtre de son appartement, Rebecca observe un chargement curieux dans une camionnette. Qui peut bien charger ainsi en pleine nuit ? Cela l’intrigue, mais sans plus : elle retourne se coucher. Les jours qui suivent, Rebecca poursuit ses activités quotidiennes : le jogging-poussette, le café avec les copines, les tâches domestiques…Jusqu’au jour où elle entend un sujet d’information sur le poste de TV de son bar habituel. On y annonce la disparition inquiétante d’un gars du coin, Eduardo Morales, infirmier d’origine mexicaine. Rebecca fait soudain le rapprochement avec la scène nocturne à laquelle elle a assisté deux jours plus tôt. En vérifiant sur les boîtes aux lettres de l’immeuble en face de chez elle, elle s’aperçoit qu’effectivement, il est son voisin d’en face ! Elle tente une approche du concierge… qui la rembarre. Rebecca rentre à son appartement, où l’attend son mari Pascal, qui vient de rentrer du boulot. Elle ne parle pas de cette disparition à son homme… Mais dans les jours suivants, elle se pique de mener une enquête. Elle achète des crayons de couleurs et débute un cahier syntaxique de tous les indices et éléments qu’elle peut recueillir sur le sujet, tout en s’occupant de sa petite Lucie. Et naïvement, elle commence par aller interroger l’inspecteur de police en charge du dossier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Curieux auteur de BD que ce Pascal Girard, qui est également travailleur social à la Clinique des troubles du mouvement du CUSM. Dans cet album édité par les québécoises éditions de la Pastèque, il met en scène sa petite famille – Rebecca et Lucie sont respectivement sa femme et sa fille de 8 mois – dans une enquête (fictive ?) sur la disparition d’un quidam voisin. La jeune maman se pique d’investigations et se convertit subitement en détective, tout en assurant avec une certaine distance son rôle de mère de famille : elle allaite et trimballe son bébé à longueur de temps. De fait, ce n’est pas à proprement parler une enquête policière qui nous est donnée à suivre, mais plus sûrement le quotidien biographique de madame Girard, entrecoupé d’une gentille enquête de proximité. Autant par cette méthode lente et patchwork, qui se perd en circonvolutions sans grand intérêt, que par le dénouement rapide et laconique, cette histoire décevra sûrement les lecteurs amateurs de polar hard boiled. En revanche, elle parlera plus facilement aux amateurs de blogs et chroniques bédessinées du quotidien – notamment les jeunes mamans – qui y verront une réhabilitation à suspens de leur classico-classique cadence ménagère journalière. Jouer à « l’inspectrice Colombo » entre deux couches, donne du piquant au morne quotidien. Girard dessine cela à l’aide de sa griffe stylisée, rapide, inscrite dans un découpage en gaufrier régulier (12 cases par planche), sans bordure de cases. Un visuel rehaussé d'un lavis coloré pas désagréable, mais pour un résultat narratif qui ne parvient pas à convaincre pleinement.